Certains parrainages sont aussi encombrants qu'utiles. Parce qu’une de leurs membres, Kate Schellenbach, fut la batteuse du trio quand il faisait du punk, parce qu’elles ont été l’une des premières références du label Grand Royal, et parce que leur hip-hop malin qui plaisait aux adeptes de rock alternatif évoquait celui de leurs protecteurs, les Luscious Jackson ont toujours vécu dans l’ombre des Beastie Boys. Et même si elles connurent leur heure de gloire au milieu des années 90 avec le single "Naked Eye" et l’album Fever In Fever Out, elles n’auront eu ni la longévité ni la postérité de leurs alter ego masculins, elles n’auront pas marqué autant les esprits.
Pourtant, à l’occasion, nos filles ont su prouver qu'elles étaient bien davantage que de simples Beastie Girls. Elles l’ont montré notamment sur cet unique album des Kostars, le side project de Jill Cunniff et Vivian Trimble, concocté en marge d’une tournée, produit par Josephine Wiggs des Breeders, et enregistré avec la participation ponctuelle de Dean et Gene de Ween, et des deux autres Luscious Jackson.
Sur Klassics with a "K", les deux filles délaissent le hip-hop au profit d'une fibre plus pop, la même que celle qui a réussi à Fever In Fever Out, mais plus épurée, moins brouillonne. Ce sont dix beaux morceaux qu'elles délivrent, trois pour chacune, et quatre autres écrites ensemble, avec des chants calmes et apaisés, avec des mélodies et de jolies harmonies vocales (celles, parfaites, du mélancolique "One Sunny Day"), avec des chansons aigres-douces et nostalgiques au feeling organique, voire rétro (guitare acoustique, piano, un accordéon sur "Never So Lonely", un saxo lointain sur "One Sunny Day", un orgue désuet sur "Hey Cowboy", etc.).
Même s’il manque un single à cet album, même s’il n’a pas de "Naked Eye", tout cela n'est autre que charmant, des airs de valse de "Never So Lonely" à ceux, latins, de "French Kiss", puis à la petite touche funky de "Jolene On The Freeway", ou encore "Mama Never Said", seul titre à faire usage de l’électricité. Sans oublier "Don’t Know Why", le plus synthétique, mais aussi le plus beau moment de l’album.
Alors, classique ? Non, peut-être pas, avec ou sans "K".
Comme avec toute recette sucrée, tout n’est pas long en bouche. Mais pas loin tout de même, au point qu’on puisse prétendre que ce disque fut le meilleur jamais proposé par les filles de Luscious Jackson, fussent-elles réduites à un duo.
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