Les frères Ramos, décidément, ont su tout faire. Sans aller jusqu'à citer les activités annexes qui viennent de causer de récents déboires judiciaires à Ceschi, en cette fin 2010, et en se cantonnant exclusivement au domaine de la musique, lui et son frère David nous auront décidément tout fait. De l'indie rap de l'après Project Blowed bien sûr, du folk et de la pop à la Beatles, du hip-hop crossover avec le quartet Toca, du rock indé avec Anonymous Inc., et même du crunk.
Fake Four Inc. :: 2007 :; album indisponible
Oui, du crunk. Du vrai rap populiste du Sud. La totale, même, avec les voix graves de vilains thugs horriblement misogynes, des synthés grossiers, des rythmiques bounce trépidantes, dansantes et agressives, une ambiance club, des chœurs guerriers au vocabulaire limité ("you know we're nasty as fuck!" sur "Nasty", "U ugly as fuck!" sur l'hilarant diss track "U Ugly") et des insanités à contenu très explicite lancées principalement à destination des bitches (du genre "I need a woman with a pussy that don't bleed no more", parmi le joli florilège de "Suga Mama"), le tout déclamé à gorges déployées. Tout est là. Soit tout le contraire de ce qu'on pourrait entendre, au hasard, sur un They Hate Francisco False (2006).
Officiellement, Knuck Feast sont deux MCs de Géorgie, Crystikal et Lil' Fiesty, renforcés à l'occasion par Lil' Big (alias Big Lil', ah ah), Lil Leche, Rusty Fingercuffs et Big Nigga Naye (qu'on laissera aux auditeurs le soin de reconnaitre en dépit des voix filtrées), produits par DJ Young Cutz, Yoseph Una et Ghost Notes. Et pour un peu on y croirait, si ces flows rapides si familiers ne les trahissaient pas, s'il n'y avait ce sens de la mélodie dont les frères ont déjà su faire preuve, par ailleurs.
Peut-on vraiment caricaturer un genre qui est caricatural par nature, qui amplifie à l'extrême tout ce que le rap a d'excessif ? Oui, et non, répondent Ceschi, David et leurs copains. Oui, il est possible de décliner la formule jusqu'au comble de l'absurde et de l'humour. Et non, parce qu'il y a tout de même un plaisir coupable à laisser tourner ce disque de Knuck Feast. Même quand ils nous sortent des blagues de potaches, les frangins ne peuvent s'empêcher de donner dans le jouissif. En prenant du bon temps, en jouant avec le genre, ils seraient presque parvenus à sortir l'album crunk le plus constamment jubilatoire entendu ici bas.
Fil des commentaires
Adresse de rétrolien : https://www.fakeforreal.net/index.php/trackback/1495