Depuis quelques temps, on sent une volonté de renouvellement chez Rhymesayers, comme si ce label emblématique du rap de backpackers souhaitait s'émanciper du mouvement qu'il a pourtant contribué à façonner. Il y a quelques mois, il y avait déjà eu ce disque aux couleurs rock tenté par Eyedea & Abilities. Et puis, plus récemment, le label de Minneapolis a servi de refuge à Freeway, ancien de Roc-a-Fella, où il avait cartonné en 2003, avec l'album Philadelphia Freeway. The Stimulus Package est le premier disque issu de ce mariage des contraires entre le rappeur barbu et la bande à Slug, et il est cosigné par Jake One, un producteur habitué des grands écarts entre superstars et icônes underground, puisqu’il a servi autant 50 Cent que MF Doom, en plus du rappeur crunk Lil Scrappy. Et curieusement, alors que cette alliance aurait pu signifier que le label, comme Freeway lui-même, arrivaient en fin de course, l’album est réussi.
D'abord, il est difficile de ne pas aimer ce package ingénieux. Se présentant sous la forme d’un portefeuille légèrement élimé, le boîtier révèle, outre le disque, une liasse de faux billets verts à l’effigie des deux instigateurs du disque, incluant les paroles, et une fausse carte de crédit avec un code pour en télécharger la version instrumentale. C’est intelligent, c’est stimulant, et cela pourrait presque convaincre les gens d’acheter à nouveau des CDs, mais là n’est pas l’essentiel.
L’essentiel, c'est la musique. Sur son nouveau label, Freeway concilie le meilleur des deux mondes. Il évite autant la démagogie du mainstream que le misérabilisme de l’underground, avec son rap percutant servi de main de maître par les beats bourrés de soul de Jake One, tournant autour (quand ils ne s'adonnent pas à l'ego-trip), de commentaires sociaux ("Free People", les lettres de fan lues sur le "Stimulus Outro"), d’hommages aux anciens ("Throw Your Hands Up"), d’ode à la weed ("She Makes Me Feel Alright") et de réflexions sur le cash.
Avec des hymnes étincelants ("Throw Your Hands Up", "Microphone Killa" avec Young Chris), quelques passages plus délicats ("Never Gonna Change"), des duos réussis ("One Thing" avec Raekwon, "Follow My Moves" avec Birdman, "Sho' Nuff" avec Bun B), une démonstration convaincante de ses talents de MC ("The Product"), et ce magnifique "Money" où une pointe d’amertume se mêle à la fanfaronnade, Freeway fait beaucoup plus que de livrer l’album rap habituel, avec ses deux tubes et ses dix fillers. Qu’il soit guidé par la nécessité ou par une volonté sincère de réorienter sa carrière, ce changement de label lui aura été bénéfique.
D'accord avec la chro.
Bon album, bien produit, Freeway est toujours un aussi bon rappeur... du bon rap de 2010, il y a de fortes chances qu'il se retrouve dans mon top de fin d'année.
J'ai plutôt l'impression que c'est Freeway qui relève le niveau du label que l'inverse.
Pas trop de loupé dans la disco de Freeway pour l'instant, pourvu que ça dure.
bon album, bien produit. mais j'ai un problème avec freeway, je n'aime pas du tout sa voix, sa façon de poser. mais c'est pas d'aujourd'hui