Tout y est. Ce début tout en guitares furieuses et distordues, histoire de marquer leur retour de manière tonitruante. Ces trois voix éminemment reconnaissables, promptes aux chœurs assassins ("Volcano"), ces trois phrasés de tueurs prêts à toutes les folies, même à… chanter (les refrains de "Shine" et de "Fluorescent Black", l’introduction de "Born Electric") ! Ces rappeurs totalement atypiques, et qui jouent pourtant les jeux traditionnels du rap, ego-trips en tête.
On retrouve cette musique électronique et inconfortable, remplie de nappes et de bruits bizarres ("Fluorescent Black", "Capricorn One"), de samples impromptus, de rythmes peu communs ("Born Electric"), de dépouillement extrême ("End Game"), d’accélérations et de décélérations, mais qui n’oublie jamais d’être au service de ses rappeurs, qui ne leur vole jamais la vedette. Ces exercices extrêmement abrupts comme ce "Timpani" tout en percussions. Ces vocoders ("The Solution"), ces voix robotiques ("Apparently"), ces bruits de jeu vidéo ("End Game"), ces références à la technologie, ces récits de science-fiction ("The Solution", encore) et ce son électronique à la mode des années 80 ("NY To Tokyo") pour entretenir la veine afro- ou retro-futuriste. Et en prime, il y a l’invité idoine, en l'occurence Roots Manuva.
Tout est sur le nouvel album d'Antipop Consortium depuis très (trop) longtemps. Tout ce que l’on a aimé il y a dix ans.
Tout, sauf le choc, la surprise, l’inédit et la fraicheur.
Bref, tout sauf l’essentiel, tout sauf la flamme. Hormis sur quelques titres puissants comme le grandiose finale "Fluorescent Black", ou "Shine", il manque quelque chose. Car en fait, Fluorescent Black, l’album, est le produit typique d’une reformation : la même chose qu’autrefois, en plus pro et en mieux ficelé, en peut-être même en plus accessible. Mais en réchauffé, en moins bien, sans qu’on sache expliquer pourquoi cela fait moins d’effet, pourquoi ce qui semble objectivement un disque sans faille peine à transporter. C’est peut-être juste qu’on a déjà vécu cela, mais en plus fort. C’est aussi que parfois, quand il est trop tard, eh bien il est trop tard.
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