Faire du rap à base de sons de jeux vidéo n'est pas une nouveauté, loin de là. Les exemples sont nombreux, comme le "Super Brooklyn" de Smif-N-Wessun, ou le "Proto Culture" de Del tha Funky Homosapien. Mais de là à faire tout un disque autour de ce concept, il y a un pas… C'est l'option prise en 2005 par le producteur 8-Bit Bandit et le rappeur américano-coréen Jonathan Park, alias Dumbfoundead, représentant d'une énième génération du Project Blowed.
Et le comble, c'est que ça passe bien. Les B.O. de jeu vidéo, ça peut devenir vite saoulant. Personnellement, je coupe le son quand je m'autorise quelques heures de Mario Kart. Mais là, non. Ca ne dévie jamais du sujet, tout du long, nos Mario et Luigi du West Coast Undergound nous abreuvent de sons électros cheap. Pourtant, ce n'est jamais lassant.
Et merci qui ? Merci au savoir faire de 8-Bit Bandit, merci au quelques scratches qui apportent un peu de sel à l'ensemble. Et merci surtout, comme d'habitude, aux forcenés du micro que le Project Blowed fait grandir depuis plus de quinze ans dans sa pépinière, avec assez de renouvellement pour que tous ici, issus comme Dumbfoundead du trio Thirsty Fish ou du collectif de battle MCs The Swim Team, soient méconnus, exceptés Nocando, et le parrain Abstract Rude.
Sur ce disque où les artistes se bousculent à la mode du Project Blowed (Dumbfoundead lui-même s'efface au fil des titres), le style battle reprend ses droits. Les MCs ne comparent plus seulement leur aisance au micro, mais aussi leur virtuosité aux manettes. Façon Madeleine de Proust, ils nous replongent dans une enfance, la leur, la nôtre, marquée par Zelda, Super Mario et Street Fighter. Ils multiplient les ego-trips dont on ne sait si le sujet est la vie dans la rue, ou ces longues heures passées à jouer devant un écran.
Le disque regorge de titres mémorables, parmi lesquels l'introductif "Mash And Smash", "Strategy Guide" avec Sahtyre, Psydewaze et Nocando, et le trépidant "System" avec DJ Dstrukt ; d'airs qui se retiennent facilement comme celui de "Game Over" (d'ailleurs, tiens, ne serait-il pas celui du "Where It's At" de Beck ?) ; de petits instrumentaux charmants, comme celui gentiment désuet de l'outro. Tout ça ne fait pas nécessairement de Super Barrio Bros autre chose qu'une curiosité à partager avec ses amis en leur disant "et, t'as vu ça, c'est marrant !". Mais vu la difficulté de l'exercice imposé, la prouesse vaut amplement la peine d'être salué.
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