"Indie rap not dead". Ainsi Noah23 aurait-il pu appeler son nouveau projet. Après la jolie triplette albums qui l'avait révélé (Neophyte Phenotype, Quicksand, Jupiter Sajitarius), le fantasque rappeur de Guelph, Ontario, semblait en effet relégué dans les tréfonds de l'underground, sortant à l'arrache des CD-R improbables et multipliant les projets obscurs réservés aux happy few, comme sa sympathique collaboration avec le méconnu Crunk Chris. Mais cette fois, il refait surface, en 2008, avec un disque riche et fourni, et une impressionante guest list de beatmakers et de rappeurs, la plupart des survivants d'une ère indé bien révolue.
2.nd rec :: 2008 :: acheter ce disque
Sole, Bleubird, Cadence Weapon, Josh Martinez, K-the-I???, Subtitle, Ceschi Ramos, Factor, Sankofa, Wordburglar, Demune, les Français Zoën et Debmaster, Modulok des Red Ants, et d'autres moins connus encore, se sont prêtés au jeu. Ils se sont tous donnés rendez-vous. Et contre toute attente, cet exercice compilatoire condamné à être inégal fonctionne parfois, souvent, du feu de Dieu.
Ca brasse très large sur Rock Paper Scissors. Ca passe par tous les styles : rap double time sur des beats bouncy et dansants ("Crystal Palace"), old school sur le robotique "Give It to the People", pop rock sur "Wisdom Teeth" et sur les plus réussis "Torn Again" et "Fame", drum'n'bass sur "Dead End Game", boom bap carré sur "True Romance" et rap francophone, avec Delectable, sur "Ils Persistent".
Ce hip-hop baroque et psychédélique fait feu de tout bois. Il sample des flippers sur "Pinball", une fanfare et un extrait du Ram de McCartney sur "Elephant March", il se veut écolo sur "Gaïa Bacteria", introspectif avec ces visions de l'enfance qui s'échappent de "Olfactory Memorial". Noah et les siens multiplient aussi les références, de Charles Bukowski à Marion Zimmer Bradley, en passant par Morrissey et par Jad Fair, voire par le complice de l'Half Japanese, ce Daniel Johnston dont quelques mots sont samplés avec brio sur l'excellent "Faded".
L'album, dans son entier, ne frappe pas toujours aussi fort que ce titre conçu avec Ceschi. Cependant, la qualité globale de cette partie géante de chifoumi, cette créativité, cette profusion de sons, de rappeurs et d'exercices de style, tout cela laisse penser que non, décidément, l'indie rap n'est peut-être pas tout à fait mort.
Que j'aime cette chronique :)
Non, mais sérieux, je l'ai déjà dit sur hhC, cet album est riche, varié, périlleux, et surtout, il permet de montrer la versatilité du mc.
Et donc, oui, quand il est bien fait, et même en 2008, Indie rap is not dead. (enfin, moi, j'en étais déjà persuadé)