Ceux qui connaissent Modulok à travers les albums des Red Ants peineront à le reconnaître sur son second solo, Cities And Years. Fi du rap de science-fiction, de l'urgence et des beats dévastateurs de Vincent Price. Épaulé cette fois par le producteur Leon Murphy et par les scratches d'Uncle Fester pour un écrin musical calme, sobre, contemplatif, entre jazz et électronique apaisée, à l'occasion tout juste troublé par quelques bizarreries rythmiques sur "Ink Spots", le rappeur nous propose un disque personnel et introspectif, celui, nous dit-il, qu'il a rêvé d'enregistrer depuis plus de dix ans.
Sur cet album idéalement concis, la hargne et les envolées du rappeur canadien laissent la place à des leçons de sagesse, délivrées dans une ambiance très laid-back. Modulok y livre ses réflexions sur les meilleures manières d'affronter les affres d'une vie injuste ("Keep Moving"), de concilier vie normale et carrière musicale ("Cool & Deadly") ou de surmonter les tentations nostalgiques ("Timewalker"), le tout sur un ton posé, parfois amer, aussi, comme avec cette chronique de la jalousie ordinaire qu'est "Your Boyfriends' A Cokehead".
Cities And Years nous révèle une nouvelle facette du rappeur, aussi remarquable que l'autre. Car si cet album ne contient aucun des morceaux percutants typiques des Red Ants, aucun n'est mauvais. Certains se révèlent même franchement mémorables, comme le "Your Boyfriends' A Cokehead" susmentionné, bien servi par des cuivres diaphanes et mélancoliques, cet "A Certain Time Of The Day" au piano apaisé, ou encore le tout dernier titre, "Keep Moving", déclamé en compagnie d'Apollo Creed et d'Abyss, ultime avatar de cette sagesse d'homme simple partagée par Modulok.
Fil des commentaires
Adresse de rétrolien : https://www.fakeforreal.net/index.php/trackback/1305