Voici donc le troisième album du Maintenance Crew, et avec lui, les mêmes interrogations que pour ceux d'avant : pourquoi ce qui est si détestable chez les autres, est-il aussi jouissif chez eux ? Pourquoi ce rap engagé et sans humour, pourquoi ce boom bap mort depuis plus de dix ans, pourquoi ces hommages creux aux grands du jazz (le longuet "Definition of the Horn", qui énumère à n'en plus finir les artistes qui ont "brisé le coeur" de nos amis), cessent-ils d'être rédhibitoire dès qu'ils sont le fait de nos trois hommes de Chicago ? Pourquoi ce groupe passéiste et revivaliste parvient-il à nous faire aimer le jazz rap comme au premier jour ? Pourquoi semble-t-il plus qu'un pâle copieur ? Pourquoi, sur chacun de ses albums, faisant honneur à son nom trivial, l'équipe de maintenance remet-elle le rap des années 90 en état ? Pourquoi le fait-elle sonner comme s'il était neuf ?
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Car avec cet album, rien n'a changé pour le Maintenance Crew. Certes, Ubiquity, Chantalism et Kash ont renforcé leur équipe de production avec une brochette d'invités (Fluent, Selfish, DJ Monky, Ryuto, Visto) encore plus obscurs qu'eux, et ils ont conviés quelques rappeurs légèrement plus connus, comme ces Astonish et Decay issus de l'entourage des Molemen, ces parrains de l'underground hip-hop chicagoan. Mais le son, bon an mal, est toujours le même. Avec ces boucles abondantes de piano, de saxo ou, tiens, d'orgue ("Words on Words", "Bell Curves"), c'est toujours du jazz rap d'un clacissisme absolu, mais capable de nous broyer le ventre sur des titres de l'intensité d'un crépusculaire "Bottle Heads", d'un acerbe "Hoodtronics" ou d'un plus respirable "Spirals Are Non Discreet Numbers".
C'est encore, aussi, un disque trop long. C'est un album bien moins convaincant que le premier. Mais qu'importe. Cette musique est toujours franche et simple, "plain and simple", comme le proclame le titre, livrant ainsi la clé de l'énigme, indiquant par ces deux mots, dont l'un se retrouve sur chacun de leurs albums, la recette pour qu'un disque sonne intemporel, pour qu'il existe hors du temps.
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