Ca y est, c'est la fin de l'année. Tous les blogs et magazines de la Terre livrent donc en ce moment même leur sélection pour 2008. Et souvent, régulièrement, y apparaît Alopecia, le dernier album de Why?. Comme si finalement, celui qui doit être appelé Yoni Wolf depuis que son pseudo est devenu le nom de son groupe (lequel s'est agrandi encore avec l'ajout substantiel d'Andrew Broder de Fog) était l'ultime rescapé de la vague rap indé, ce qu'il fallait en retenir, ce qui survit.
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Voilà donc, semble-t-il, à quoi aura servi cette vague de rappeurs iconoclastes blancs, apparus autour du label Anticon il y a dix ans. Non pas à régénérer le rap, ne serait-ce que brièvement, comme on l'a parfois cru. Mais au contraire, à intégrer au rock les acquis du hip-hop, à compléter ce qu'avait entrepris Beck il y a longtemps, avec toutefois davantage de réussite, de compétence et de naturel.
Car même si la musique de Why? n'est plus du rap depuis longtemps, même si elle est surtout l'héritière de l'indie rock malin et brinquebalant de groupes comme Pavement et Silver Jews (d'ailleurs cités sur "Good Friday", et que Yoni et sa bande ont accompagné en tournée), s'alignant plus que jamais sur ce qu'Andrew Broder faisait depuis longtemps avec Fog, il reste dans la façon qu'a le chanteur d'aborder ses histoires, de mélanger les références comme dans un freestyle, dans ce phrasé qui n'est jamais tout à fait un chant, quelque chose de son passé de MC. Et tout cela sonne plus organique, mieux intégré que la musique trop riche que livre en parallèle son compère Dose One sur les albums surchargés de Subtle.
Confrontés au talent du chanteur/rappeur, à ses paroles tour à tour obtuses, cryptiques, morbides ou facétieuses, au refrain irrésistible de "The Vowels Pt. 2", à la rythmique new wave et à l'orgue indolent de "These Few Presidents", au refrain et aux "hou hous" irrésistibles de "The Hollows", au lumineux "Fatalist Palmistry", au lent et magnifique "Brook & Waxing", à l'onirique et somptueux "Torpedo or Crohn's", on réalise pourquoi Why? est celui qui a le mieux tiré son épingle du jeu, pourquoi il est aussi celui qui a survécu le mieux à ce mouvement de rappeurs indé blancs, que celui-ci n'ait finalement servi qu'à enfanter cela ou pas.
Album de l'année pour moi, et artiste/groupe du siècle par la même occasion.
Tout ce que fait Yoni est génial.
Les versions démos et "almost live" de cet album sont également à écouter.
Et il faut les voir en live, bien sûr.
Les démos sont à écouter une ou deux fois ; elles ne valent pas la version finie. Enfin, la voix de Yoni sur la démo de "Song of the Sad Assassin" est inédite.
Sinon je suis tombé il y a peu sur le Almost Live from Anna's Cabin, de 2003, et c'est très très bien aussi.
il faut que je l'écoute
j'aime bien Why, plus que dose one et les autres au final
Très déçu par cet Alopecia. Quoi qu'il en soit l'album n'a absolument pas sa place dans les 25 albums de hip hop incontournables puisque ça n'est pas du hip hop ! C'est de la pop avec des bouts-rappés. D'aucuns diront de l'indie. Enfin, pour moi ça jette un discrédit sur la liste. Pourquoi ne pas proclamer la mort du hip hop à une certaine date et passer à autre chose ?
A quoi ça sert que Ducros, il se décarcasse ? Je sais qu'il est très long, mais tu n'as pas dû lire le long commentaire qui introduit la liste des 100 meilleurs albums hip-hop indé. J'explique la raison de ce choix, ainsi que de celui d'autres albums pas vraiment rap, comme le "Secret House" de Buck 65, et le "They Hate Francisco False" de Ceschi.
Quant à la mort du rap, c'est aussi un sujet traité en long, en large et en travers ici.