Un Australien d'origine chinoise qui donne dans un hip-hop instrumental parcouru de samples world et de musique gitane. Non, cela n'est pas une simple vue de l'esprit. Ceux qui connaissent la scène des antipodes qui a donné naissance à The Herd et à Curse ov Dialect le savent bien. Ils se sont familiarisés avec ce live hip-hop tout fou où musiques slaves, arabes, indiennes et jamaïcaines copulent allègrement les unes avec les autres, où elles explosent joyeusement tout ou partie des codes du rap. Ces amateurs avertis pourraient même connaître Kaho Cheung, alias Unkle Ho, producteur de The Herd et illustrateur de pochettes de disques pour son label, cette maison remarquable qu'est Elefant Traks.
Datant de 2005, Roads To Roma est le premier album solo d'Unkle Ho. Et sur ce disque, si l'on excepte la prestation d'Urthboy sur "Shoot From The Hip", le beatmaker s'affranchit davantage encore des standards et des routines du hip-hop. Il y tourne le dos aux paroles engagées et au rap politique de The Herd, il laisse libre cours à sa fantaisie avec onze titres où se mélangent avec adresse, sans que cela ne jure, cuivres de cirque, orgues de barbarie, violons slaves, échos dub, chansons rétro et sonorités orientales, dans un immense patchwork, parfait reflet d'Enmore, le quartier cosmopolite et chamarré de Sydney où le producteur est basé.
Ici, Edith Piaf entonne un chant tronqué sur du reggae ("Diabolical Dual"). Le duo Apsci, qui vient alors d'intégrer Quannum, nous offre un "Rock The Damn Kremlin" accrocheur. Et sur "Prayer", un accordéon crépusculaire, une guitare et une trompette jouent un trio mélancolique. Tout est si bien fichu qu'avec ce projet annexe, Unkle Ho délivre un album malicieux, réjouissant presque d'un bout à l'autre.
Fil des commentaires
Adresse de rétrolien : https://www.fakeforreal.net/index.php/trackback/744