Le trottoir, justement. Tout a commencé là. Alors que ça discutait sec dans la rue dans l'attente du déclenchement des hostilités, Subtitle est arrivé tout droit de son exil stéphanois (non mais, franchement, sans vouloir offenser les habitants de la Loire, comment peut-on vouloir quitter la Californie pour s'établir à St-Etienne ?). Et rien qu'avec sa dégaine, c'était déjà tout un spectacle. A peine arrivé, le grand échalas se met à déblatérer à pleine voix, avec son style caractéristique, survolté, passant d'un interlocuteur à l'autre pour débiter ses phrases tronquées et ses associations d'idées, dans un anglais si rapide qu'il en est incompréhensible. Les passants ne s'y trompent pas, qui écarquillent les yeux en voyant s'exprimer ce géant noir, semblant s'interroger sur l'identité de ce grand escogriffe halluciné.
Ce soir, toutefois, ce n'était pas le Californien qui allait ouvrir le bal, mais un New-Yorkais répondant au doux nom de Propaganda Anonymous, prototype du rappeur blanc avec son léger surpoids, son look en short, barbiche et casquette à l'envers. Le jeune homme, cependant, a de l'énergie à revendre. Il se donne, il se dépense sans compter. Il papillonne, il vibrionne, il virevolte, tant et si bien qu'au bout du compte tout cela manque un peu de fixation et de constance. Et puis ses titres n'interpellent pas. Ils ne font pas un effet boeuf, ils ne donnent pas envie de se pencher sur le champ sur les enregistrements de ce rappeur. A tort peut-être.
Rien que par le physique, Subtitle prend le contrepied de son prédécesseur. Pour ceux qui ne l'auraient toujours pas compris, l'homme est noir et très maigre. Même si son corps ploie comme une élastique, pour éviter que sa casquette dorée n'approche trop du plafond, celui-ci ne tourbillonne pas dans tous les sens. Il rappe adossé au bar, toujours dans la même direction, sans tenter le moindre tournoiement dont son prédécesseur semblait friand. Son flow non plus ne varie pas. C'est strictement le même que celui dont il a déjà fait la démonstration dans la rue. Car cet homme rappe comme il parle, avec un phrasé à la fois robotique et nonchalant et sur des sons à l'avenant. Style, originalité, personnalité : il a tout.
Comme il se doit, tout cela finit en freestyles entre les deux acteurs de la soirée, accompagnés par un troisième quidam. Mais alors, l'essentiel est passé, pour le public comme pour Subtitle, qui ne participe que de loin au jeu plus conventionnel des deux autres. Les raps n'ont pas fini de retentir qu'une nouvelle soirée s'achève pour le 21 Sound Bar et pour Submass, toujours au point quand il s'agit de trouver le meilleur compromis entre la qualité des artistes et la proximité du spectacle.
Je n'etais pas encore là mais je crois que le "troisième quidam" du freestyle était Akin de Cyne.
"ses phrases tronquées et ses associations d'idées, dans un Anglais tellement rapide qu'il en est incompréhensible."
Haha c'est clair Subtitle porte bien son nom : quand il cause il faut les sous titres. Grand MC !