Le grand hic, avec Sole, c'est qu'il rappe. Le problème s'est posé sur Bottle of Humans, il s'est présenté encore sur Selling Live Water et il est toujours là sur son tout dernier disque. Passe encore ce prêchi-prêcha anticapitaliste de demi-instruit, ce numéro d'homme en colère dévastateur et rédempteur. Tout cela est monnaie courante, c'est l'apanage d'un bon 95% du rap engagé depuis Public Enemy. Mais Sole n'a ni le style, ni la classe, ni l'éloquence d'un Chuck D. Il n'a même pas l'aisance verbale et la subtilité d'un Sage Francis, s'il faut se cantonner au même univers. Et il rappe décidément comme un gros bovin asthmatique et sans voix, même si le mix et le travail de studio arrangent sensiblement les choses.

SOLE & THE SKYRIDER BAND - Sole & The Skyrider Band

Anticon :: 2007 :: acheter cet album

Mais cette fois, le fondateur d'Anticon bénéficie d'un renfort de poids avec Bud Berning, alias Skyrider, producteur floridien évoluant en trio (ses deux compères sont John Wagner et William Ryan Fritch), un homme qui a déjà fait preuve de savoir-faire sur son album 47:34. Pour l'accompagner, ce ne sont plus quelques beats bien sentis, mais gâchés plutôt que sublimés par son flow abominable. Ce sont de véritables compositions complexes et inspirées avec force instruments, guitares, violons, banjos, percussions chiadées et électronique sophistiquée.

Et celles-ci conviennent à l'ami Tim. Elles l'habillent, elles l'obligent à s'accorder des pauses, elles l'invitent à une diversité de ton qui lui faisait défaut. Et du coup, tout cela passe beaucoup mieux. C'est moins bloquant, c'est moins rédhibitoire et c'est rempli de titres puissants comme par exemple ce convaincant "Magnum". Sans doute tient-on ici le sommet de la discographie de Sole. L'ironie, cependant, c'est que le disque aurait tout de même été meilleur s'il avait été instrumental...

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