Label Bleu :: 2007 :: socalledmusic.com :: acheter ce disque
A vue de nez, ça sent le gag. Mais non. En véritable amoureux de la tradition musicale yiddish, SoCalled a pris son projet à coeur. Il a invité de vrais artistes issus du folklore ashkenaze à lui prêter renfort, comme la violoniste Sophie Solomon, le pianiste Irving Fields, le chanteur Theodore Bikel et le groupe klezmer Beyond the Pale, ainsi que des gens au profil plus moderne comme ce bon vieux Gonzales, et le rappeur québecois Sans Pression. Quelque part, en fait, avec la remise au goût du jour de cette musique issue essentiellement d'Europe Centrale et Orientale, SoCalled se rapproche d'entreprises comme celle de Beirut, voire, pour rester dans le hip-hop, de Curse ov Dialect et de leur compatriote Unkle Ho.
On connaît la facilité avec laquelle le hip-hop intègre et régurgite tout et n'importe quoi. C'est dans sa nature même. Aussi, même dans ce cas, cela peut-il marcher. Il y a d'ailleurs une perle au milieu de ce rap plein de violons entraînants, de voix cérémonieuses et de "laï laï laï" : ce suave "You Are Never Alone", où se côtoient un rap mâle et le chant classieux d'une femme sur fond de choeurs traditionnels, un titre dont SoCalled a judicieusement fait un single, et qui se serait frayé un chemin jusqu'aux ondes françaises (moi je ne sais pas, je n'écoute pas la radio).
Ailleurs sur l'album, SoCalled se démène. Ca virevolte avec le violon, la trompette et la guitare de "Good Old Days", ça rappe en yiddish sur fond de funk et de cordes Blaxploitation sur "Ich Bin a Border by Mayn Vayb". Et ça se calme avec le piano apaisé de l'instrumental et mal nommé "Slaughter on the 10th Avenue". Des "n'oublie pas, man" à l'accent québecois se mêlent au beau chant traditionnel de "(Rock the) Belz", un accordéon fou et des "didoudidoudi" endiablés courent après de trépidants beats drum'n'bass sur "Rece Cice". De la house surgit sur le remix de "Let's Get Wet", tandis que la modernisation des vieux chants juifs prend un tour plus subtil sur "Baleboste". Ces passages n'atteignent certes jamais le niveau de "You Are Never Alone". Mais, comment dire, tout cela est très rafraichissant.
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