"Des chercheurs on en trouve ; moi, c'est des trouveurs que je cherche", disait l'autre. Eh bien en matière de musique, c'est pareil. Les chercheurs sont souvent plus nombreux que les trouveurs. Prenons Moshe. On ne peut pas reprocher au personnage central de la scène du Maine de manquer d'audace et d'ouverture d'esprit. Il multiplie les expériences, les mélanges de genres, il maltraite le rap, il le triture dans tous les sens, sur le même mode que ceux d'Anticon. Mais ça ne donne pas forcément grand-chose. Même si leurs albums ont été imparfaits, ses amis Sontiago et JD Walker ont déjà fait de grands morceaux, ils ont montré qu'ils avaient du talent à revendre. Mais Moshe, non. Ou de façon moins patente. Son album Tending to the Sheep était singulier mais peu convaincant, et si son projet de remixes de Vincent Gallo contenait de bonnes choses, c'est aussi parce qu'il s'éloignait peu du matériau d'origine. Bref, on cherche encore le génie chez Moshe.
Milled Pavement :: 2007 :: acheter cet album
Et ce n'est malheureusement pas ce nouveau disque qui permettra de le découvrir. Inversant le calendrier, le producteur a préféré sortir avant l'original une collection de remixes des titres issus de … And it Was Black, le concept-album du Project Dark, résultat d'une collaboration avec le rappeur KGB. En préalable à un disque qu'il prépare depuis cinq ans, Moshe préfère laisser s'exprimer toute une cohorte de beatmakers, la plupart inconnus, si l'on excepte Alias, DJ Mayonnaise, Scott da Ros, et dans une moindre mesure Nomar Slevik et Mike Clouds, l'autre protagoniste de l'aventure Vincent Gallo. Et comme souvent avec ce genre d'exercice, comme sur les disques de Moshe aussi, le tout manque de cohérence.
Avec ces remixes contemplatifs (la version de "Sleepyhead" signée DJ Mayonnaise), jolis (le piano du même "Sleepyhead" par Roma et Ren), R&Bisant ("A Heart Still Beating" par Mike Clouds avec Geneva B), avec cet ambient glauque ("Exist Through This" par highkoo et Mr. Dereloid), cet IDM rétro (les mixes de C. Money Burns et de Happyflies), cette langueur et cette emphase ("The Demise" par Alias, un habitué de ce genre d'ambiance) et cette bourrasque techno (la diablement efficace version de "The Funeral" par j.hjort), la palette est large. Divers, éclectique, l'album a ses hauts (cette version tout en pesanteur et en orgue d'église de "…And it Was Black" par Brandon Miles) comme ses bas, mais rien n'y fait figure de révélation. Jusqu'au tout dernier titre, un remix de "Residue" assuré par Moshe lui-même, avec la voix trafiquée de Sontiago, et qui laisse entrevoir que, peut-être, le producteur s'est trouvé avec cet album dont le titre et les paroles entendues par ici laissent entendre qu'il sera outrancièrement sombre.
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