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PROJECT DARK - ...And It Was Black

Albums rap

PROJECT DARK - ...And It Was Black

J'imagine qu'ils vous est familier, ce personnage de vieux prospecteur récurrent dans les westerns, ce pauvre hère installé depuis la Ruée vers l'Or près d'une mine dont il espère encore, envers et contre tout bon sens, qu'il y découvrira un trésor. Eh bien ce prospecteur, c'est moi. Ca fait des lustres que je m'acharne sur Moshe, plus ou moins le leader de la scène rap de l'Etat du Maine, en espérant qu'il daigne sortir un album captivant. A l'origine, les signes étaient encourageants : le producteur manifestait une volonté d'emmener le rap sur des chemins inexplorés, il faisait preuve d'ouverture d'esprit, ses compères JD Walker et Sontiago sortaient des disques intéressants, les productions de Moshe, ou encore son projet de remixes de Vincent Gallo, montraient une envie de faire bouger les lignes. Et ces cinq ans passés près du rappeur KGB à peaufiner ce Project Dark laissaient espérer qu'il livrerait bientôt un concept album accompli. Mais non, peine perdue...

PROJECT DARK - ...And It Was Black

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L'oeuvre a été mûrement pensée et travaillée, pourtant. Elle se veut une déclinaison sonore de River's Edge, un film de Tim Hunter qui, dans les années 80, mettait en scène une jeunesse américaine amorale, indifférente au meurtre d'une adolescente perpétrée par son petit ami. Cette histoire sert de base aux propos de KGB, qui s'aventure dans une longue introspection sur Eros et Thanatos, simulant les confessions de l'assassin à son ancienne victime. Malheureusement, rappeur et producteur tombent du mauvais côté du concept. ...And It Was Black est une longue litanie de considérations morbides et d'introspection lourdingue, desservie par un phrasé lancinent et par des sons outrancièrement noirs, par un rap gothique balourd qui pousse la grossièreté jusqu'à utiliser telle quelle ou presque la "Marche Funèbre" de Chopin. Alors, finalement, Moshe ? Moche, définitivement moche, avec son Anticon du pauvre. En fait, autant ne plus parler de lui, plutôt que de s'acharner inutilement et injustement sur cet artiste du fond du gouffre, dont l'honnêteté de la démarche n'a pourtant jamais fait le moindre doute.

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