Ce disque sorti chez Ad Noiseam est la collaboration de deux adeptes de hip-hop mutant. Le premier, l'Américain Lapsed, de son vrai nom Jason Stevens, est un habitué du label allemand, sur lequel il a sorti deux albums solos de glitch-hop à la edIT. Pour sa troisième expérience, il a décidé de pousser plus loin dans le hip-hop en s'acoquinant avec un deuxième larron, Dave Madded alias Nonnon, turntablist de son état, et en invitant ci et là quelques rappeurs, à savoir Non Genetic des Shadow Huntaz, ces bons vieux Bleubird et Subtitle, et un certain Buck Dexter.
Ad Noiseam :: 2007 :: acheter ce disque
Vu le programme, vu surtout ce titre qui nous annonce la fin du confort, il n'est pas surprenant de découvrir ici un rap malmené, une musique électronique expérimentale et syncopée adepte du rebrousse-poil. Et de fait, le seul titre accrocheur ici est celui d'un autre, soit un remix de "Hapless Plastic" par une autre de nos vieilles connaissances, leur compagnon de label Raoul Sinier (l'autre remix, celui, dépouillé, d'un des meilleurs titres de l'album, "Surge", par Mothboy, est également très réussi). La musique de Lapsed & Nonnon est aussi sombre et trituré que celle offerte par Ra, mais aussi plus froide, plus cliniques, plus austère.
Leurs sons tapent, ils sautillent, ils vrombissent, ils crachotent, ils dérapent, ils parasitent. Les beatmakers torturent des voix avec succès, usent de boucles minimalistes, multiplient les ruptures et les inflexions. Tout cela a été préparé méticuleusement, avec du travail et de la suite dans les idées, les deux précisant qu'une centaine de samples ont été disséqués avec soin pour parvenir à ces fins. La philosophie du duo est claire, il l'explique sur l'interlude "Ad Noiseam", parodie de dialogue entre nos artistes iconoclastes et un patron de label circonspect : Lapsed et Nonnon refusent la facilité et veulent aller à l'encontre des habitudes.
Ceci dit, ce discours n'est lui même pas inhabituel. D'autres ont déjà creusé les ornières dans lesquelles avancent les auteurs de The Death of Convenience, et de façon parfois plus éclatante et plus marquante. Mais quand bien même ce disque n'est ni le meilleur ni le premier du genre, son quota de trouvailles et de sons dérangés aura largement de quoi satisfaire les amateurs de hip-hop tarabiscoté.
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