Ah, retrouver l'esprit originel du hip-hop ! Des dizaines d’artistes s'y sont essayés, sans toujours s’accorder sur ce qu’il recouvrait vraiment, ce soi-disant esprit originel. Les uns ont prétendu y parvenir en perpétuant la longue tradition politique et revendicative des musiques noires, certains en renouant avec le caractère dansant et ludique du rap primitif, et d’autres encore ont voulu revenir au Daisy Age. Yea Big et Kid Static, eux, se rapprocheraient plutôt des deux dernières catégories. C’est écrit noir sur blanc dans le dossier de presse : avec leur rap électronique bizarre et amusant, les deux compères voudraient réinvestir le hip-hop inventif et plein de bon esprit de De La Soul, Digital Underground et Biz Markie. Et la bonne surprise dans tout ça, c’est qu’ils s’en sortent plutôt pas mal.
Jib Door :: 2007 :: acheter cet album
Mais avant d'expliquer pourquoi, quelques présentations.
Venu de Chicago, Kid Static est un rappeur facétieux qui s’est illustré récemment sur un réjouissant projet solo, Have you Seen this Man, ainsi que sur Goddamn!!, le non moins affriolant album des Cankles, tous deux déjà vantés ici. Issu des mêmes contrées, Yea Big est un producteur de musique électronique, auteur de l’album dadaïste The Wind that Blows the Robot’s Arms ainsi que de quelques collaborations avec des gens d’Illegal Art, dont il a également été question il y a peu dans ces pages. Et les deux se mettent en scène sur un album commun afro-futuriste sorti sur le label des excellents Kill the Vultures, l’un dans le rôle du super-héros noir dégingandé, l’autre dans celui du matheux nerd blanc et barbu.
Et il tourne plutôt bien cet album, il est fun et funky en diable avec ces paroles science-fiction et tous ces sons tantôt rétro, tantôt bizarres, il marie habilement la truculence de Kid Static aux joyeusetés électroniques de Yea Big. Tout comme le rap qu’ils veulent ressusciter, les deux concilient sans effort expérimentation et séduction. Quelquefois, par exemple sur "Low Budget Battle Scene", le DJ part dans les glitches à la limite de l’audible. Mais comme tout cela s’insère bien entre un "Speak the Facts" addictif et le rap dur de "The Basement / Enfant Terrible", ça passe sans dégât. Et avec des petits tubes en puissance comme "Duck, Mother Fuckers !", "Static Leads the Coup" et "We’ve Built a Time Machine that Runs on Beats", Kid Static continue à étoffer une discographie déjà très recommandable.
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