Raoul Loves You, son premier album, nous a prouvé que Raoul Sinier était un artiste multicartes accompli. Qu’en plus de ses talents d’illustrateur, il savait faire de la musique, que ses morceaux étaient bien davantage que le passe-temps d’un graphiste. Plus de deux ans après, avec Wxfdswxc2, un disque plus réussi encore, il complète la démonstration. Ici, comme ce titre illisible le suggère, les sons sont aussi abscons que par le passé. Raoul n'est pas facile. Il aime la noirceur, la rudesse et les aspérités, il ne se contentera jamais d’une mélodie lisse, d’une nappe immaculée, d’un fond méditatif. Avec lui, ça glitche et ça dérape, ça sautille et ça pare en vrille, ça vous rabote le cortex et ça vous ramone les oreilles. C’est aussi plein de guitares sales et de sons électroniques mal élevés. Mais tout ce bruit n’est pas un cache-misère. Les sons sont vraiment bien, ils ont du sex-appeal.
Sublight :: 2007 :: acheter cet album
Ra fait du vrai rock’n’roll électronique, une musique qui impressionne et qui sait prendre aux tripes avec ses effets nombreux mais pas vulgaires. C’est dérangé et c’est bruyant, mais c’est subtil, comme sur ce "Wonderful Bastard" où Ra recycle avec habileté Can et Damo Suzuki. Les montées d’acide sont toujours opportunes, quelques rayons de lumière bienvenus viennent parfois dissiper l’atmosphère franchement oppressante de l’ensemble, par exemple l’orgue et le piano de "Platinum Dust". Et puis, pour ne rien gâcher, Wxfdswxc2 a la consistance d’un album. Ra peut maltraiter le rock sur "Wxfdswxc", "Fake Poetry" et "Brushed Metal Sexdream", le hip-hop sur "Dr Merdewerkdichliebe", ou à l’opposé, il peut proposer quelques nappes classieuses, ça reste la même ambiance, le même discours sans paroles, les mêmes tons gris et bruns que l’on retrouve sur tous ses dessins.
Pour compléter le tout, Raoul Sinier nous montre toute l’étendue de ses talents en accompagnant son disque, outre d’une pochette illustrée par ses soins, d’un DVD avec des clips concoctés pour ses amis de dDamage (que Ra dépasse allègrement sur ce disque, s’il faut se livrer au jeu assassin des comparaisons), des vidéos et un extrait live. Ajouté aux morceaux haletants que sont "Wxfdswxc", "The K-Man Says", "Fake Poetry" et "Brushed Metal Sexdream", ou les crescendo somptueux de "Skinfest" et de "Breeders Club", tout cela fait de Wxfdswxc2 un bel objet, un vrai bon disque complet, même si tout nouvel auditeur en sortira sur les rotules.
Tout à fait d'accord, je le trouve vraiment chouette cet album, "ca prend aux tripes" c'est exactement l'expression qui convient.