Sorti en 2002, Drums est le meilleur témoignage de ce qu’a été Oddjobs. Il n'est pas un chef d’œuvre, ni un album exempt de tout reproche. Trop long, trop riche, gargantuesque même, l’album avait ses longueurs, il manquait nettement de consistance. Mais, sorti entre les premiers EPs du groupe et un Expose Negative annonciateur de nouvelles aventures, enregistré juste après qu’un troisième MC, Nomi, ait rejoint le quartet du Minnesota, il est le disque le plus représentatif du style de rap proposé en son temps par ce groupe emblématique du Midwest.
Third Earth Music :: 2002 :: acheter cet album
Deux ans après, Drums portait sur long format la formule éprouvée en 2000 sur le remarquable Absorbing Playtime, soit un rap de facture académique mais enrichi ingénieusement par de "vrais" instruments, une sorte de live hip-hop du Midwest, comme si The Roots avaient rencontré Atmosphere. Plusieurs plages de l’album perfectionnaient cette recette, comme la toute première, un admirable "Time Flies" agrémenté de basse, guitare et flûte où le groupe célébrait la joie des retrouvailles, ou encore l’orgue entraînante de "Blue Collar Holler", les cymbales et le refrain au synthé de "The Shopkeeper’s Wife", ainsi que la basse et le saxophone déchirants de ce "Dry Bones" qui, remixé plus tard par Aesop Rock et par Vast Aire de Cannibal Ox, allait accroitre sensiblement la notoriété d’Oddjobs.
Parfois, on devinait que le groupe souffrait de démangeaisons, qu’il se sentait à l’étroit, que le format rap serait bientôt trop limité pour lui, par exemple sur ce "Shore" reggae, voire sur le très jazzy "Wolves in Wool". C’était le cas également du premier volet de "Dream for Molle", la relecture d’un extrait du Glassworks de Philip Glass. Mais sur le reste de ce très bon morceau en trois parties, comme sur l’ensemble de l’album, c’est bien le Oddjbobs typique que l’on entendait, celui où la musicalité des instrus faisait oublier avantageusement les raps interchangeables et parfois ternes des trois rappeurs. C'était la matrice d’aventures à venir et aussi captivantes que celles de ces Power Struggles, Kill the Vultures et Roma di Luna, qui naîtront et qui grandiront trois ans plus tard sur les cendres du groupe.
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