Ce n’était donc pas qu’un faux pas. C’est encore le vilain John Smith au flow forcé et postillonnant de Pinky’s Laundromat qui est à l’ouvrage sur ce troisième album, et pas celui plus, posé et plus subtil, de Blunderbus, l’un des meilleurs albums de ce qu’il est convenu d’appeler la grande époque du label indé canadien Peanuts & Corn. C’est aussi une production sans inspiration où mcenroe, autrefois le plus constant et le plus talentueux des producteurs canadiens, n’est plus que l’ombre de lui-même, avec ces guitares infâmes ("Take a Look"), ce funk de bas-étage ("Intro"), cette formule piano/violon éculée ("Smoke 'Em If You Got 'Em"). Comme d’autres titres déjà proposés par Peanuts & Corn, celui qui donne son nom à l’album ironise sur l’âge du rappeur. Les notes de pochettes parlent aussi de ce blues du trentenaire. Avoir consacré une bonne part des dix dernières années au rap pour se retrouver au même point est sans doute frustrant, pour John Smith.
Peanuts & Corn :: 2006 :: acheter cet album
Mais la solution, c’est la persévérance, plutôt que ce phrasé et ces sons grossiers qui font cet album présenté comme le plus accessible de John Smith. Les exercices vocaux de celui qui se fait appeler aussi Sloppy Joe et les beats frustes sortis par son producteur n’ont jamais été aussi pompiers, avec une prime pour l’abominable "Crimson Paint". Comme l’époque des classiques P&C n’est finalement pas si lointaine, il y a tout de même quelques beaux restes, comme "Carry Me", et ce portrait de has been surmonté de cuivres étirés et de banjo qu’est le conclusif "What Gets you Over". "Money Out" aussi, dans une moindre mesure, est sauvable. Mais cela ne suffira pas à préserver notre cote d’amour pour John Smith, pour mcenroe et pour leur label. Que les vieux fans se détournent, que les autres aillent vite découvrir Blunderbus, et qu’on oublie ce Growing Pains si bien nommé.
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