Sur ce quatrième long format, Dälek a conservé ses marques de fabrique. Encore une fois, le groupe de Newark donne dans le mur du son, les ambiances ténébreuses, les basses gigantesques, les paroles virulentes, les admonestations rap, les longs passages instrumentaux. Et toujours, il y a ces scratches discrets et bien sentis, malgré le départ de DJ Still, relevé ici par Rob Swift des X-ecutioners. Abandoned Language n'est pourtant ni le patchwork inégal de From Filthy Tongue of Gods & Griots (2002), ni la masse sonore brutale qu’avait été Absence (2005). Il se fait plus aéré que son prédécesseur, plus espacé. Plus organique aussi, sur les quelques titres où des cordes apparaissent. Construit autour d’un thème récurrent, celui du pouvoir des mots et du langage, il tient aussi, plus que n’importe quel autre disque de Dälek, plus qu’Absence même, du concept album.

DALEK - Abandoned Language

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Le premier grand titre de cet album est "Abandoned Language", une entrée en matière de plus de 10 minutes, un titre d’anthologie construit sur l’un des beats les plus lents jamais proposés par Dälek, un modèle de violence retenue, une montée de tension qui a le bon goût de s'achever sur une musique paisible plutôt que sur l’explosion attendue. L'autre temps fort, l’impressionnant "(Subversive Script)", se situe à l’autre bout du disque, et il est au contraire l’apothéose attendue, l’aboutissement de la promesse de bruit faite tout au long de l’album.

Entre ces deux extrémités, c'est moins intense, mais Dälek ne commet aucune faute de goût, de l’ambient lent de "Tarnished" au pur instrumental en machine et cordes de "Lynch", restitution fidèle de l’ambiance des films du cinéaste. Rupture dans la continuité, fidèle à la formule ténébreuse habituelle au groupe mais plus accessible et respirable, Abandoned Language permet à Dälek d’entrer dans le club restreint des groupes rap ayant été capables de sortir plusieurs grands albums.

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