Normalement, ce registre de rap est mortellement ennuyeux. Rien de plus lassant, en effet, qu'une brochette de rappeurs engagés et bien-pensant qui déclament leurs prêchiprêchas convenus sur des beats mollassons. Pourtant à Miami, chez Botanica del Jibaro, la formule convainquait. Sans doute parce que ses artistes, très proches de la scène électronique locale, ne plaçaient pas toutes leurs forces dans les textes, qu’ils comprenaient très bien ce qu'était un son, une composition.
Botanica del Jibaro :: 2003 :: acheter cet album
Les maxis raps issus de la Beta Bodega Coalition et de Counterflow Recordings ont généralement été bons, mais leurs artistes n'ont pas toujours concrétisé sur album. Ce Time Being ramassé sur 32 petites minutes, cependant, a été une exception. Cet opus de Cyne, le premier, et aussi le dernier avant qu'ils ne rejoignent un label allemand, est probablement le plus solide proposé par cette scène, représentée ici par les rappeurs Cise Star (Clyde Graham) et Akin (Akin Yai), et par les producteurs Speck (Michael Gersten) et Enoch (David Newell).
Quand on dit s'appeller "Cultivating Your Own Experience", il est évident qu’on cherche à jouer les sages, que l'on privilégie les territoires du rap "conscient". Et chez Cyne, en effet, on aime la gravité, la contrition et les platitudes politiques. Mais les beats, organiques, chaleureux et soignés, font ici toute la différence.
Sur "Papermate", le quartet de Floride nous fait le coup de l’inspiration divine, mais leur sample asiatique est brillamment choisi. Sur "Steady", où ils nous ramènent à l’époque de la lutte pour les Droits Civiques, le chant féminin confère au tout une distance plutôt bienvenue. La sempiternelle question noire est soulevée une fois encore sur "Samura's Optic", mais les craquements de vinyle et les "vrais" instruments confèrent au tout une certaine épaisseur. Même jugement sur "First Person", le titre le plus remarquable de l'album, son plus mélodique, aussi, grâce à sa guitare presque ensoleillée et à son étrange chant médiéval.
L’ennui, finalement, ne pointe son nez qu’avec d’inutiles interludes et la boucle sans saveur de l’autobiographique "Self Exam". Soit quasiment jamais, et nettement moins que sur tout autre disque issu de cette scène. De fait, même si le Cyne suivant, Evolution Fight (2005), a aussi ses moments, Time Being demeure à ce jour le meilleur point d’entrée vers l'univers Counterflow et Botanica del Jibaro.
Faut être idiot pour penser que dans les centaines d'albums rap existant de ce style, ils soient tous chiants excepté celui-là, il y en a plein d'autres, j'te cite par exemple "a piece of strange" de "cunninlynguists", qui n'a aucun des "beats mollassons" dont tu parles.
C clair! Bon exemple!
Bien qu'on adore CYNE!
@Vicman : Je note seulement maintenant ce commentaire.
La remarque est superflue, on dit qu'en général, le rap conscient c'est chiant, pas que c'est le cas de tous les albums sortis dans ce style.
Un commentaire pour rien, quoi.