Sereck et Brass viennent de Sydney, et Sydney, c’est loin. Malgré une critique très bien renseignée sur le webzine suisse moribond Urban Smarts, en dépit d’une présence ancienne au cœur de la scène rap australienne, il n’était pas évident de mettre la main sur le second album de Celsius. Cependant, il n’est jamais trop tard pour découvrir un bon album. Et bon, Kickin' It to Hell N Back l’est. Diablement. Vue de loin, leur formule n’a rien de neuf. Rien à voir, par exemple, avec le hip-hop inventif, foufou et multiethnique de Curse ov Dialect. Ces rappeurs australiens là donnent plutôt dans un style battle agressif et servent leurs paroles mordantes sur des boucles électroniques, dans la lignée du hip-hop indé que nous adorions tous aux alentours de l’an 2000. Mais avec ces deux-là et leurs copains Sinus et Def Wish, ce rap du passé se montre aussi marquant et frais qu’au premier jour.

CELSIUS - Kickin' It to Hell N Back

Crookneck Records :: 2004 :: acheter cet album

Avec "Bring down the House" et cet accompagnement électronique qui ne s’impose qu’une fois le titre largement entamé, avec la old school réinventée de "Programme the 808", avec le contraste parfait entre rythmes d’époque et phrasé de notre temps sur "Small Talk", l’album commence bien. Mais arrivé à mi-chemin, avec ce "To Hell N Back" qui ressemble à une rencontre entre Ruberoom et les Beastie Boys sur un riff de guitare (vous voyez le genre de déflagration…), il devient franchement impressionnant. D’autant que ça enchaîne avec un "Straight Outta..." funky en diable et qui vient titiller NWA sur son propre registre. La presssion redescend peu après. "Bloodlines" est moins intense, même s’il fait preuve du même entrain. Quant aux conclusifs "The Nightwalker" et "Your Turn to Die Tonight", ils se montrent plutôt ennuyeux. Mais qu’importe. A ce stade, Celsius a déjà prouvé l’essentiel. Si trois ans est le temps qu'il faut au rap d’Australie pour arriver jusqu’ici, tant pis, nous attendrons, tant qu’il réservera de telles surprises.

Merci à Pseudzero de m’avoir fait découvrir cet album.