L’un, débonnaire et bien bâti, vient de l’Ouest américain ; l’autre, maigre comme un clou et monté sur ressorts, de l’Est canadien. Le premier cultive une attitude de loser magnifique, l’autre est le rigolo de service. Mais les points communs sont nombreux entre Awol One et Josh Martinez : les deux ont émergé avec la vague rap indé de la fin des années 90 ; ce ne sont pas de parfaits inconnus, mais ils n’ont pas vécu la consécration ; ce sont des rappeurs charismatiques et essentiels, mais leurs albums inégaux ont rarement fait honneur à leur talent. Il y a donc une logique, finalement, à ce qu’ils se produisent ensemble et sortent un disque en commun, accompagnés d’un autre unsung hero du rap, le "rural pimp" DJ Moves.
Camobear :: 2007 :: acheter cet album
Splitsville, cependant, n’est pas vraiment une collaboration, mais plutôt l'adjonction de deux EP distincts. Chaque rappeur s’arroge une moitié du disque et y convie quelques amis : Evil et Moka Only pour Martinez ; Kaboom, CEE!!!!!!!!, Kunga 219 et Sleep pour Awol One. Seuls les unissent trois invitations réciproques, les sons de DJ Moves, et cette façon de philosopher avec détachement, de jouer les sages avec humilité. Aucun n’est à contre-emploi sur ce disque, chacun saisit l’occasion de présenter son univers, le Canadien rappelant par exemple sa vision du rap ("Too much MC’s and not enough entertainers" sur "Too Much"), tandis que le Californien use des aphorismes dont il est friand ("you just need to be wanted, you just want to be needed" sur "Wanted and Needed").
Malheureusement, le disque est desservi par les beats de Moves, peu inspiré sur ce disque, et les deux rappeurs paraissent parfois trop effacés. Alors que les chantonnements caractéristiques de Martinez perdent de leur potentiel pop, Awol One se complaît dans ses habituels marmonnements d’alcoolique, sans l’entrain et les coups de colère qui les épiçaient autrefois. L’album manque de temps forts, les deux perdent l’occasion de se faire apprécier par leurs quelques fans réciproques. Seul se distingue au fond le titre éponyme de l’album, ce "Splitsville" où les deux artistes se retrouvent autour d'un joli synthétiseur admirablement mélancolique.
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