Là-bas, en Allemagne, XNDL et le label Subversiv*Rec poursuivent leur oeuvre,. En Europe ils continuent à jouer le rôle de relais et de caisse de résonance pour la scène hip-hop indé. L’une de leur récente sortie vinyle, un split LP, met en valeur deux artistes récemment apparus dans les marges du rap. Les deux hommes en question se connaissent et s’apprécient. Ces adeptes du télescopage des genres ont aussi en commun, disons-le tout net, de descendre en droite ligne d’Anticon. Mais du label fondateur, ils n’ont pas tout à fait retenu les mêmes leçons.

ASTRONAUTALIS & BABEL FISHH - Split Series Part 2

Le premier explore et renouvelle avec talent le territoire partagé par le rap, l’indie et le folk, et son cas a déjà été largement traité par ici puisqu’il s’agit d’Astronautalis. Les quatre titres inédits présents sur ce split LP sont globalement bons, mais ils ne comptent pas parmi ses meilleurs. Ils n’ajouteront pas grand chose à ses deux albums. Mais ce "These are the Best Days of your Life" où la parenté avec Buck 65 ne peut plus être niée, le banjo implacable de "That’s What Makes the Jukebox Play", le piano mélancolique de "The Unfortunate Affairs of Mary and Earl" et le plus enlevé "Some Things Will never Change" donnent un aperçu assez juste du registre du bonhomme, sinon de son talent. Et puis surtout, il y a "Ocean Walk" en bonus track, le temps fort de l'album You and Yer Good Ideas, toujours aussi remarquable deux ans après.

Moins connu, l’autre protagoniste de ce disque est Babel Fishh, un rappeur texan barbu à Stetson, qui explore plutôt la veine fantasque et délirante de ce type de rap, un rap capable de passer de la modernité électronique à un hommage à Hank Williams. Contrairement à Astronautalis, les morceaux présents ici sont presque tous issus d’un album, The Use Of Of, le seul sorti à ce jour par le personnage. Dans l’ensemble, cette autre moitié du split LP est moins convaincante que la précédente. Comme souvent avec ce rap foutraque, il y a à boire et à manger et un surplus de titres assez irritants. Mais quand Babel Fishh nous décoche ses raps sur fond de synthétiseur planant ("My Friend Scott") ou de country ("Another Away We Go"), en bon cow-boy du XXIème siècle, ou quand il s’énerve contre le grande distribution ("Walmart is Satan"), il sait se montrer réjouissant. Assurément, voilà un autre personnage à découvrir. Et désormais, cela est possible grâce à ce bon vieux XNDL. Disons-lui tous merci.

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