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AIM - Flight 602

Albums rap

AIM - Flight 602

Le terme trip hop est terriblement daté. Il est tellement estampillé années 90 qu’il en est devenu un gros mot. Même la notion d’abstract hip hop, ce presque synonyme, est déconsidérée. Prenez un artiste comme Andy Turner, plus connu sous le nom d’AIM, rejeton tardif du genre honni apparu il y a près de 10 ans dans la foulée de Mark Rae et Steve Christian. Personne ne semble faire grand cas de Flight 602, ce nouvel album de l’auteur de Cold Water Music. Tout au plus une promotion correcte lui a-t-elle valu une poignée de critiques bienveillantes ici et là. Il y a de la surprise à le découvrir encore actif après la fin de son ancien label, et peut-être même de la méfiance. Pourtant, Flight 602 est tout à fait écoutable, et rappelle qu’à l’époque AIM était l’artiste le plus intéressant du label Grand Central.

AIM - Flight 602

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Au fil de ces années, sans s’écarter pour autant de sa base downtempo, Turner a su élargir sa palette. Sa formule a même connu une métamorphose majeure : elle est devenue lumineuse. L’intitulé de l’album le suggère : AIM donne dans la musique d’aéroport, dans l’easy listening. Des cuivres, des "ouh" et des "ah" sensuels, une pincée de rythmes latins, une flûte enjôleuse, un orgue discret, tels sont quelques-uns des ingrédients qu’il n’hésite pas à employer. Turner garde son calme et sa retenue, mais il sait comment jouer de mélodies enjouées et addictives, comme ‘Smile’ et comme celle qu’interprète Niko sur "Puget Sound".

C’est léger, coulant et gouleyant, même si, en filigrane, Turner laisse entrevoir des sujets plus graves ("Pier 57" est en fait une allusion à un centre où avaient été détenus des militants anti-Bush en marge d’une convention du Parti Républicain). La mélancolie transparait encore ("Aberdeen"), mais quand c’est le cas, curieusement, Flight 602 redevient quelconque, sauf peut-être sur "It's Later Than You Think", le titre conclusif, une chanson interprétée à la guitare acoustique et qui jure moins avec le folk rock de mise de nos jours. Dans l’ensemble, et malgré quelques passages un peu creux, ce nouvel album d’AIM s’écoute sans peine. Il prouve qu’en matière de musique comme ailleurs, il faut parfois ne pas dédaigner ce qui est devenu démodé, et ne pas jeter trop vite les bébés avec l’eau du bain.

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