Dans la catégorie des "musiques inclassables", Damon Locks, Wayne Montana et Dan Fliegel tiennent leur rang. Inutile de se perdre à lister les genres multiples auquel s’essaye ce trio signé chez Aesthetics, un label qui aime lui aussi traverser les frontières. Le mieux est de se reporter à l’album sorti en 2004 par ces gars de Chicago, des protégés de Tortoise, et des proches d’autres gens bien comme Califone. Rawar Style était un joyeux patchwork de rock, jazz, hip-hop, funk, dub et j’en passe, mélangés et malmenés à en devenir méconnaissable. Mais pour l’heure, c’est de High Anxiety dont il est question. Il s’agit un simple disque de remixes. D’un intermède donc, d’une récréation. Mais cet EP, malgré ses divers invités, a son identité propre.
Les Eternals et leurs acolytes se sont partagés le gâteau. La moitié de titres est retravaillée par leurs propres auteurs, tandis que l'autre est revisitée par leurs invités. Et la pièce de choix, comme l’indique l’intitulé du EP, c’est "High Anxiety". Trois versions de ce morceau sont proposées. A chaque fois, sont conservés les chants à mi-chemin entre rap et ragga, mais l’accompagnement passe d'un titre saucissonné, haché menu et gavé d’orgue avec Exercise Tiger ("Exercise Tiger Vs. The Eternals"), à un hymne bondissant rempli d’énergie live, avec harmonica et percussions, concocté par Birthmark ("Messing up my Place"), puis à un hip-hop électronique passablement déglingué pasé sous la patte d’A Grape Dope, alias John Herndon de Tortoise et d'Isotope 217 ("Hi Anxiety"), par ailleurs membre honorifique du groupe.
A côté de ça, les Eternals eux-mêmes ont fait de "By This Time Today" un modèle de funk froid et synthétique, de "Right to Revenge" un imperturbable morceau de hip-hop industriel, de "Billions of People" un exercice de dub presque normal, et de "Silhouette", une étrange et jolie chanson noyée d’un dub franchement plus bancal. Quant à Scott Herren, l'autre invité vedette avec John Herndon, il découpe puis regroupe en tous petits morceaux le titre qu’on lui a confié ("Black Nuclear Power Bonus Beats"), comme d’habitude, pour un résultat qui n’est cependant pas le plus mémorable de l’album. Avec tout cela, nos trois compères et leurs invités ne parviennent pas à sortir le disque de l’année, loin s’en faut. Mais ce résultat aussi solide que varié mérite amplement d’être considéré comme un nouvel album des Eternals en soi.
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