Abstrackt Keal Agram et ses deux membres ont toujours eu un ou deux trains de retard. A leur début, il y a environ cinq ans, les Bretons faisaient du trip hop, genre devenu honteux, à l’époque déjà presque mort et enterré. Et aujourd’hui, Tepr (Tanguy Destable en solo) donne dans la French Touch dans ses atours les plus clinquants, dans ce néo-disco daft-punkien qui force plus que de raisonnable sur les effets et sur le vocodeur. Bref, AKA est toujours aussi actuel, mais avec un décalage de quelques années. Ce qui, finalement, va très bien à un antimoderne comme moi. Et puis de toutes façons, tant que la musique est bonne, comme dirait un autre antimoderne plus célèbre que moi... Alors, pourquoi frémir de peur devant le tournant yéyé de Tepr et ce deuxième album dans le genre après Côte Ouest ? Hein, pourquoi ?
D’autant plus qu’au fond, même si le parti pris est différent et même si c’est moins coincé, il y a le même talent et la même facilité mélodique que sur les anciens titres du Breton. Tu n’as même pas changé Tepr, on ne te reconnaît que trop. Ta musique ne bouleverse rien, mais tu es toujours aussi doué pour caresser dans le sens du poil. Et c’est précisément tout ce que demande un antimoderne. Il demande ce "Ghetto Bounce" avec Zucchini Drive qui pourrait bien être le meilleur titre à ce jour du groupe belgo-suédois. Ou encore cette house qui rend hommage à sa ville de naissance ("Chicago Hoe Hoe"), un remix supérieur à l’original de "Caravage" par Ard Roc, expert chicagoan du genre. Même le "Achète-moi" du groupe crunk canadien Omnikron avec cet accent québécois à couper à la tronçonneuse vêtu d’une chemise à carreaux, on achète (mais pas l’insupportable "Brille Brille pour Vous", faut pas pousser).
Allez, faites le test, enlevez à Tepr ses platform boots et ses pistolasers en plastique, abaissez "Minuit Jacuzzi" de quelques BPM, enlevez ces vocodeurs, et ces basses à défoncer les murs et vous ne serez pas bien loin d’Abstrackt Keal Agram. Même punition pour "Coke and Cream". Après, d’accord, OK, il y a des passages faits pour le Macumba, comme le titre éponyme de l’album, sa basse et ses synthétiseurs plus funky que moi tu meurs. Mais moi le Macumba, je l’apprécie, ne serait-ce qu'à titre de gag et ivre au dernier degré. Alors, qu’il passe Daft Punk, Village People, "Alexandrie" de Claude François ou Tepr nouvelle mouture, quelle importance. C’est toujours bien. Cet été, croyez-moi, vous avez eu de la chance si vous avez pensé à emmener avec vous ce nouveau disque signé Tepr, et si vous avez pu vous l’écouter le volume à fond dans l’endroit le plus approprié : en direct, sur la côte, et peu importe laquelle.
"Alors, qu’il passe Daft Punk, Village People, "Alexandrie" de Claude François ou Tepr nouvelle mouture, quelle importance. C’est toujours bien."
Ce concept d'anti-moderne me plait beaucoup, mais bon, là je suis pas tout... J'ai pas dû boire le même breuvage ou fumer la même herbe. Et même ivre et amateur de gag et d'ambiance décalée, le macumba sur la côte ça jamais été ma tasse de thé...
Je vais essayer d'attraper quelques extraits de ce Tepr histoire de comprendre comment son écoute peut mettre dans cet état...
Voilà, j'en ai la certitude maintenant, Sylvain n'écrit pas toutes ces chroniques lui-même.
Ah tiens, j'en parlais justement avec quelques habitués du coin avant de partir en vacances. Ce disque m'intriguait, mais maintenant il faut absolument que je l'écoute.
Je l'ai reçu à une adresse à laquelle je n'habite plus depuis 3 ans mais j'ai pas osé l'écouter. je le brade si ca intéresse.
Ben écoute, ça ne sera jamais pire que le Para One que je viens enfin d'oser écouter, lui, et... Mon Dieu...