Quiconque découvrira les premiers travaux de Tha Blue Herb sera étonné. A l’origine, en effet, les beats proposés par O.N.O. pour son rappeur Ill-Bosstino étaient tout ce qu’il y a de plus académiques. C’était du bon hip-hop à l’ancienne, du boom bap avec de jolies boucles accrocheuses, très accrocheuses même, mais sans surprise. Alors que de nos jours, le style électronique presque clinique du personnage est l’un des plus originaux et des plus personnels qu’il soit donné d’entendre. Nulle part ailleurs que sur son album solo de 2003, le producteur japonais ne s’éloigne autant de ce à quoi les gens s’attendent habituellement quand ils entendent parler de hip-hop, fut-il instrumental, fut-il celui de son protecteur DJ Krush.
Six Month at Outside Stairs, en premier lieu, est très électronique. Il y a des motifs répétitifs, mais aussi des choses complexes comme les percussions tarabiscotées de "Nanostorm". Il y a aussi ces chants et ces instruments traditionnels parsemés ci et là ("Krk", "Sigh", "Demand"), si discrets qu’ils n’évoquent jamais, mais alors jamais, la world music ou l’exotisme de supermarché. Il y a enfin cette tristesse qui pointe parfois sous la froideur, patente sur "Sigh", l’un des temps forts de l’album, un formidable assemblage de flûtes étranges et de dub, l’exemple parfait de cette mélancolie soft qui ne jure pas et qui peut être le grand fort de la musique instrumentale, qu'elle soit hip-hop, électronique, ou quelque chose entre les deux.
Naturellement, tout cela n’est pas fait pour rigoler, Six Month at Outside Stairs est assez sombre. Mais que les wannabe clubbers qui pourraient traîner ici par erreur ne prétendent pas trop tôt qu’O.N.O. est un type coincé. Car le Nippon propose aussi "Bg072", titre dansant s’il en est. Dansant d’un genre spécial, certes. Dansant à la O.N.O. Mais dansant tout de même. En tout cas relevé et rythmé. De même, dans une moindre mesure, que l’admirable "Ereticent", le titre le plus mélodique et le plus accrocheur de Six Month at Outside Stairs, placé à bon escient en ultime plage de cet album toujours aussi recommandable, trois années après sa sortie.
Ravi de voir une chronique de cet album. Il doit être écouté.
soit tu lis le japonais auquel cas je te félicite, sinon tu ne me feras pas croire que tu as acheté le cd grace au lien ci-dessus...
Quoiqu'il en soit c'est une très bonne idée de rajouter ces liens à la fin des articles.
Moi, je n'achète rien, c'est bien connu.
Sinon, si tu as le nom de quelque chose d'anglais ou de français capable de nous vendre cet album, je suis preneur !
Ba non, en fait j'attendais plutot que tu me fasses une proposition ; c'est noté, si jamais je trouve un jour je t'en ferais part.
Je l'ai vu en double LP(white) chez Beatsqueeze, le magasin qui prend plus ou moins la relève de Beep Aah, station St Georges, M° 12. Voilà. A moins de pas être équipés de platines, vous avez plus aucune excuse.
et euh Sylv rien à voir mais le Power Struggle est bien, merci!
Hé oui Power Struggle est bien. L'évolution d'Oddjobs depuis Expose Negative est très positive, que ce soit à travers Power Struggle ou Kill the Vultures.
Mais là, c'est vrai que nous sommes loin d'ONO et du rap de Sapporo.
Ah merci Yum. Il faudra que j'aille y faire un tour.
Vu que ça fait 4 ans, ça ne sert plus à rien de répondre, mais on peut avoir accès à amazon.co.jp en anglais, en cliquant simplement sur "click here to see in english"
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Peut être que la fonction n'existait pas à l'époque d'ailleurs...