NoBS Allowed. Non, pas Nobs, le rappeur de Fingerprint Records. Mais NoBS Allowed, comme "No Bullshit Allowed", aucune merde ne sera permise. Ce nom piqué à Stetsasonic ne laisse pas le moindre doute sur la nature de ce premier disque : No Phukkin Clu est purement hip-hop. Avec sa chanson rap réaliste qui représente sa région d’origine, qui clame son respect pour ses copains, qui n’aime pas les wack MCs et qui passe en revue ses sentiments, avec ses scratches et ses boucles accrocheuses pour faire tourner le tout, ce rappeur issu du collectif Crack Korner n’est pas là pour révolutionner le rap. Il est venu tout simplement apporter sa contribution au genre, sans bousculer les codes établis, secondé par une vieille connaissance, cet inlassable Factor qui, non content de produire tous les disques Side Road Records et de les sortir à un rythme infernal, a concocté aussi des beats pour cet autre habitant de Saskatoon, au Canada.
Dans l’abondante discographie de Factor, il y a de tout. Sur les disques trop nombreux qu’il produit, se côtoient l’excellent et l’infâme. Mais sur No Phukkin Clu, rien de cela. Aucun trait de génie, aucun moment rédhibitoire. Quelques passages accrochent plus que la moyenne, comme le petit gimmick triste de "Crackkorner", comme le mélodique "One Day" et son chant R&B, d’ailleurs sélectionné par Factor sur une récente compilation, ou comme le sautillant clavecin de "Why We Rap". Mais ce ne sont pas des tubes pour autant. Conformiste dans la musique comme dans les paroles, suivant tous les passages obligés, du titre funky sur les filles ("B.A.M.") à plus d’introspection, No Phukkin Clu est en fait le parfait "bon disque moyen", celui qui prouve que "personnel" n’est pas toujours synonyme de "original". Cet album de NoBS Allowed ne sera pas remarqué en dehors de ces pages, il ne figurera jamais dans la moindre sélection hip-hop, cette année ou plus tard. Il restera la participation modeste d’un Canadien inconnu à cet énorme maelström compliqué qu’est l'underground rap. Mais pour ceux qui voudront le garder bien au chaud dans leurs discothèques, il ne devrait pas trop mal vieillir.
Ouais, assez d'accord avec cette chronique. Je me le suis écouté aujourd'hui et bien que sans génie, ça s'écoute bien. Par contre pour une deuxième ou troisième écoute, je ne sais pas.