Ils ne doivent pas être bien nombreux, les artistes capables de citer dans leur bio des gens aussi divers qu’Anti-Pop Consortium, Fishbone, Zion I, Lil Jon, Andre 3000, Trent Reznor, Otto von Shirach, Butch Vig, MF Grimm et Purple City. Ils doivent l’être d’autant moins qu’il ne s’agit pas ici de simples influences. CX Kidtronic a vraiment eu l’occasion de côtoyer tous ces gens. Car même si Krak Attack est son premier véritable album, sa carrière ne date pas d’hier. Autrefois connu (ou pas) sous le nom de DJ Kid K.U.T., le bonhomme a participé aux groupes Midnite Mission, 400 Strenght et Furthur 3 MC’s, entre autres. Et pour situer un peu mieux, il a été le leader de K.I.N., groupe d’Atlanta où évolua un certain Saul Williams. Les deux se côtoient d’ailleurs à nouveau, et le beatmaker devrait participer au prochain album du poète rappeur.
Sorti sur Sound Ink, le label auquel nous devons le Vaudeville Villain de MF Doom, ce Krak Attack est à peu près la synthèse de toutes les références citées plus haut. Sur ce premier solo après plus de 15 ans de carrière, CX Kidtronic marie l’underground rap new-yorkais austère et dérangeant de l’an 2000 au rock hardcore et aux sonorités sales et dansantes d’un Dirty South auquel il a contribué. C’est bourré de rappeurs de toutes sortes, de skits dans tous les sens et d’électronique rêche. De l’électronique cuisinée à toutes les sauces et qui n’y va pas avec le dos de la cuillère, de l’électronique qui sautille ("Tricky Dick" avec Ramm:Ell:Zee), qui tape fort ("What the Hell W’y’all" avec Agallah de Purple City), qui vise l’efficacité ("Bang Out" avec Rustee Juxx), qui fait mal aux oreilles (un remix d’Otto von Shirach), et qui se la joue punk de synthèse ("Montecore’s Revenge" avec EKG). Et puis aussi de l’electro réactualisé ("I Ain’t Wit Dat Fukk Shit"), du rap sombre qui fout les boules ("Thru the Cracks" avec ce bon vieux High Priest, plus réussi, le "Deathbox" de Moses), du hip-hop underground noir comme il y a cinq ans ("Sky is My Roof") et des délires funky sur des sons dans une veine Blaxploitation ("Girl of My Dreams").
Avec toutes ses photos de fesses, la pochette répugnante de l’album donne une idée assez juste du contenu. A l'intérieur, c’est un fouillis tout crasseux, c’est aussi irritant qu’excitant, c’est du rap de garçons mal élevés qui proclament que l’école, ça pue (EKG sur "School Sucks"), et qui regardent au-dessous de la ceinture. Les charmants sifflotements de "Whoopsi Daisy", par exemple, permettent à Ricky Ray d’atteindre des sommets de rap cochon avec ses histoires de nègre bien équipé et des sorties façon "baby girl I have one word for you: penetration". Et il ne faut pas oublier le tube de poche "Big Girl Skinny Girl" rappé par Rockola qui vient défier un Spank Rock sur son terrain. L’album de CX Kidtronic et celui du groupe de Baltimore seront d'ailleurs à classer dans la même catégorie : celle des petits plaisirs booty de l’année 2006.
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