Ce n’est pas de la gnognotte, toute l’imagerie kung-fu dont le Wu-Tang Clan s’est affublé dès le début. Ce n’est pas de la rigolade. Les neuf membres originaux ont vraiment tenu à calquer leur épopée sur celle des Shaolin. Tout d'abord, ils ont posé les fondements de leur organisation et en ont défini la doctrine. A travers la salve d’albums originaux et géniaux qu’ils ont sortis entre 1993 et 1997, ils ont proposé toute une panoplie de styles comme autant d’écoles et de techniques différentes. Ensuite, ils ont permis à leurs nombreux fidèles et affiliés de puiser à satiété dans ces œuvres fondamentales, mais sans trop en changer les règles, dans le respect des canons édictés dans ces temps de genèse et à suivre pour les siècles à venir.
Originaire du Michigan, soit un peu loin des terres du Clan, Bronze Nazareth n’en est pas moins représentatif de cette génération d’élèves Wu-Tang appliqués. Avec son nom tellement grotesque qu’il en devient génial, son rap sombre et hardcore trempé dans des samples gros plein de soul, ses pianos ou ses violons répétitifs, ses paroles, celles de Sean Price, Killa Sin, Timbo King, Byata, 12:00, Prodigal Sunn ou encore ceux de ses potes Phillie et Kevlaar 7, il nous ramène directement à la grande époque, au milieu des années 90, en ce temps où le Wu était le meilleur groupe du monde, toutes tendances et tous genres confondus. Le rappeur / producteur nous fait visiter une nouvelle chambre du temple, la cinquième, et nous confirme une fois de plus que le "cash rules everything". Le Wu est de retour, pourrait-on dire, si cette formule n’était pas aussi rebattue, cliché et illusoire que l'annonce d’un Tour de France propre.
Habilement, en bon gourou, RZA a choisi la meilleure démarche pour finir statufié. Il est allé chercher des disciples capables de le copier avec application, mais pas de le dépasser. Cela n’a pas empêché ces seconds couteaux de produire quelques chefs-d’œuvre, notamment un 4th Disciple parvenu quelquefois à frôler le meilleur niveau de son maître. Mais avec Bronze Nazareth, ça tourne tout de même franchement au gimmick, à la formule, à la recette reproduite avec respect et attention. Seule une toute petite poignée de titres comme "The Pain" et "$" ont vraiment de quoi marquer durablement les esprits. Ailleurs, les beats et les samples sont bons, mais ils s’enlisent trop rapidement. Toutefois, pour tous ceux qui ont été biberonnés au Wu-Tang à l’époque de sa grandeur, pour tous ceux qui ont été convertis au hip-hop par sa grâce, il y a de quoi éprouver un peu de nostalgie. Un peu. Et l’envie, tout à coup, de se remettre aux originaux, de se les écouter en boucle, tout comme au bon vieux temps.
Fil des commentaires
Adresse de rétrolien : https://www.fakeforreal.net/index.php/trackback/325