La réémergence de The Free Design a pris la forme habituelle : une reformation du groupe en 2001 à l'occasion d'un nouvel album, suivie par la réédition de l’ensemble de leur catalogue en 2003. Il ne manquait plus qu’un tribute pour parachever ce retour en grâce, et c’est Light In The Attic qui s’y est collé. Le label qui a remis sur le marché les vieux disques des frères et sœurs Dedrick a sorti également une série de EPs de remixes du groupe, qu'il vient de compiler et d'agrémenter d'inédits sur The Now Sound Redesigned.
Sans surprise, les artistes qui se sont livrés à cette relecture viennent pour une bonne part de la nébuleuse pop indé. S’y côtoient Stereolab, les High Llamas, Chris Geddes de Belle & Sebastian et les Super Furry Animals, plus quelques atypiques comme les Français de Mellow ainsi que l'ex-Manitoba, Caribou. Mais ils ne sont pas venus seuls. Les accompagnent un nombre équivalent d’artistes hip-hop, Madlib, Peanut Butter Wolf, Murs et Danger Mouse en tête, qui confirment l’intérêt des rappeurs pour ce réservoir inépuisable de samples qu'est la pop psyché de la fin des années 60. Un intérêt qui s’est déjà manifesté par le passé, sur le dernier Edan par exemple, ou encore sur le Pacific Drift de Nobody.
C’est Nobody, justement, qui est le maître d’œuvre de ce disque de remixes. C’est lui qui a signé les quelques interludes et qui a rassemblé ces morceaux en un tout cohérent.
Le résultat n’est pas homogène, mais il est au-dessus du lot pour ce type d’exercice. Clé de la réussite, la plupart des artistes sont restés fidèles à leurs registres, sans dénaturer pour autant l’esprit du Free Design. Epaulé par les High Llamas, Stereolab fait du Stereolab avec tous ces petits sons légers, bizarres et rétros. Chris Geddes donne dans une jolie pop nostalgique, agrémentée tout juste de rythmes plus modernes. Les Super Furry Animals sortent l’un de ces titres accrocheurs dont ils ont le secret, avec trompette et guitare. Et sans être exceptionnel, le "Girls Alone" de Nobody n’aurait dépareillé ni sur Pacific Drift, ni sur le classique Soulmates.
Quelques passages de cette compilation sont absolument anodins, comme ce "Where Do I Go" qui me conforte dans l’idée que Madlib est un producteur surestimé. Le "Don’t Cry Baby" de Koushik et Dudley Perkins est charmant, mais sans plus. En revanche, leur patron de label Peanut Butter Wolf s’en tire remarquablement bien avec son "Umbrellas" cuisiné à la sauce funk. Et d’autres titres sont tout simplement beaux, notamment le "I Found Love" de Styrofoam et de Sarah Shannon. Danger Mouse et Murs réussissent eux aussi leur affaire avec "To a Black Boy", hommage à un jeune noir condamné pour avoir fréquenté une fille blanche.
Toutefois ce sont sans conteste Kid Koala et Dynomite D. qui s’en sortent le mieux sur cet album, avec une plage intitulée "An Elegy" mélancolique à souhait et toute en scratches, orgue, basse et voix découpée, assurément la perle rare et le sommet de ce tribute qui vaut largement le détour.
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