Où est le Subtitle de I'm Always Recovering from Tomorrow ? Depuis ce mini-album, je le cherche, je veux retrouver l'émerveillement ressenti à a découverte de "Hard Light", ce titre qui m'a redonné foi dans le West Coast Underground au moment même où je m'en détournais. Mais rien à faire. Impossible de l'éprouver encore. Ni sur les sorties officieuses du grand rappeur maigre façon Greatest Hi$$ Vol.1 ou Lost Love Stays Lost (une heure de rap de robot sur des sons lo-fi, c'est dur à avaler tout de même). Ni chez Labwaste, son duo avec l'excellent Adlib, et ses compositions sorties tout droit du compartiment froid du frigo. Ni sur ce Young Dangerous Heart. C'était pourtant une sortie plus officielle que d'autres, la vraie suite de I'm Always Recovering from Tomorrow sur le label Gold Standard Laboratories, avec du sacré beau monde à la production, de Subtee lui-même à Omid, en passant par Alias, Octavius, Old Joseph, Liferexall, Deeskee et bien sûr par l'ami Adlib / Thavius Beck. Mais nan, c'est encore raté.
Il y a tout de même un satané tube sur ce disque, un hit qui frappe d'ailleurs très tôt. Produit par Omid (évidemment), "Leave Home" est comme l'album des Ramones et le tube des Chemical Brothers du même nom : sacrément rock 'n' roll. Voilà un truc à redevenir ado et à hurler "leave home, leave home, go far away, don't worry about looking for a place to stay" tout seul comme un crétin dans sa chambre. Mais passée cette chose, tout devient à la fois plus difficile et moins bien. Le titre d'avant "Gio-Graph-Ick" (Gio, c'est l'abréviation de Giovanni, le vrai prénom de Subtitle, pour apporter quelques précisions) est bon, mais s'apparente trop aux beats électroniques sombres et à gros sabots du disque de Labwaste, même si cette fois c'est Alias qui produit. Adlib, l'autre Labwaste justement, réussit de son côté la production de "Young Dangerous Heart", grâce à sa musique électronique à défoncer les oreilles et à raboter les cerveaux. Même punition pour Octavius. Je reste fan après son travail sur "Killer Drones On Street". Ah, et puis il y a quand même "Crew Cut", cet immense posse cut sur un vieux beat old school, à retenir rien que pour le beau monde qui s'y presse : Murs, LuckyIam PSC, Existereo, 2Mex, LMNO, Awol One, Liferexall, Busdriver, Pterradacto, et quelques autres moins connus, soit à peu de choses près le best-of des rappeurs West Coast Underground contemporains.
Mais pour le reste de l'album… Ca n'est que du Subtitle chelou saoulant, du rap d'homme-machine sur des beats dérangés bien crasseux. Et ça n'est finalement pas plus impressionnant qu'une grosse boucle de rap de base bien phat. Quant aux délires façons je-récite-la-carte-du-monde à la "Where to", c'est cool, c'est concept, mais ça ne va qu'un temps. Qu'on ne s'y trompe pas, le but n'est pas ici de pourfendre Young Dangerous Heart. Nous disons juste qu'il est décevant pour qui connaît le potentiel du bonhomme. "Most art is only out to ruin you, that's the problem with society today, they don't understand how to innovate", affirme le rappeur sur "Fast Food, Fast Death". OK, c'est bon, lui il sait innover, on voit bien. Mais ce n'est pas le tout que de parler de Gilgamesh sur fond de crépitements. Maintenant, il serait temps pour Subtitle de sortir l'album d'anthologie qu'il a potentiellement au bout des doigts.
je te trouve dur.