Avant de rejoindre le label Galapagos4, de devenir l’un des Typical Cats et de sortir son premier solo, Walk Thru Walls, Qwazaar a co-fondé Outerlimitz, un collectif à géométrie variable abonné aux freestyles radiophoniques. En 1998, le groupe a sorti un album autoproduit, Wrong Actions For The Right Reasons, mais depuis, ses membres se sont dispersés. Cependant, récemment, notre homme a souhaité remettre ce projet sur les rails. He.llsent (ou H.E.), un autre membre d’origine, l’a appuyé, ainsi que le producteur Silence. Et l'album Suicide Prevention, mixé par The Grouch des Living Legends, est le produit de cette résurgence.

OUTERLIMITZ - Suicide Prevention

Un piano qui glace le sang, une rythmique pas facile, une voix sentencieuse venue d’outre-monde, un rappeur qui s’exprime sur le destin des hommes comme si l’apocalypse était pour demain et des lalas féminins et spectraux en conclusion. Manifestement, à écouter le "Good Mourning" qui ouvre l’album, ça ne rigole pas chez les Outerlimitz.

On constate rapidement que Qwazaar et He.llsent cultivent le même ton grave et urgent, qu’ils s’entendent à merveille pour parler de menaces planétaires et que, pour peu, cet album aux airs de signal d’alarme pourrait hâter le suicide plutôt que le prévenir. Mais heureusement, cela n’est pas tout. Les chants de Kendall Johnson-Smith et Golda Supernova qui accompagnent une poignée de morceaux sont plutôt bien sentis, les cuts de DJ Presyce présents sur la moitié des plages apportent un peu de dynamique et les exercices de type battle assaisonnent le tout d’une légère touche ludique.

Et puis il y a Silence. Ses beats ne sont pas plus joyeux que les paroles. Au contraire, bien au contraire. Mais ils ont ce qui manque souvent aux sorties Galapagos4 : de l’audace.

C’est claironné bien fort dans le dossier de presse : les Outerlimitz ne se limitent pas au boom bap. Le résultat n’est pas toujours à la hauteur des ambitions, ça vise à côté avec les flûtes pénibles de "Prevention" ou les sons orientaux de "Other Side Of Nothing", et le sampling éhonté du "Paperhouse" de Can sur "Frozen Sky" fera difficilement oublier l’original. Mais ailleurs, Silence fait mouche, comme avec l’ambiance malsaine et les accélérations de "Nightmare". Le producteur fournit même l’armature d’un petit tube sur un "Packaged In Plastic" rythmé et chanté tout comme il faut.

Ces quelques bons points ne suffisent pas à faire de Suicide Prevention un indispensable de l’année 2005 ou du catalogue Galapagos4, mais ils montrent que la réactivation d’Outerlimitz n'était pas nécessairement une mauvaise idée.

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