Pour son deuxième album en marge de B.L.X (BassLine Xcursionists), Omni a assuré. Sa musique se déploie au sein d’un cadre classic rap bien établi, mais elle en exploite le meilleur : clarté et portée du flow, grande diversité des samples et des sons, cohérence de l’ensemble malgré le nombre élevé de producteurs (une dizaine au moins, dont Omni lui-même sur "Lil Big Homies"), tout cela fait de Burgundy Brown l’un des albums hip-hop remarquables de 2004. Jazz rap diaphane et crépusculaire avec solo de saxo final sur "Signs", chants souls sirupeux de Denese sur "Addiction", turntablism échevelé sur "What", orgue smooth et refrain de lover sur "Goosebumps", référence au continent noir sur "American African", extraits de discours de Martin Luther King sur "Wait", funk rap sur "Amores Perros", charge héroïque sur un "Equalize" conclu à merveille par les scratches de DJ Grazzhoppa : aucun des morceaux de ce disque ne surprend, tout a déjà été entendu quelque part. Mais pas si souvent avec une telle constance.
Ces recettes ont beau avoir été usées maintes fois, les titres lassants sont rares sur Burgundy Brown. Ils existent mais ils sont rares. Certains sont même admirables, comme "Music" et son violon, comme ce "Geneva" aux accents médiévaux où le rappeur s'explique sur les sacrifices qu'implique sa vie itinérante d'artiste, comme cet "African American" où il s'interroge sur ce qu'implique ses racines africaines, et où apparaît l’un des meilleurs usages de chants africains traditionnels jamais entendus dans un titre de rap, ou encore comme le finale alangui de "Until Tomorrow", un morceau qui révèle un Omni mi-apaisé et mi-inquiet dans l’expectative d’un nouveau jour. Tous ces titres sont au-dessus du lot et aident à comprendre pourquoi l’Angelino côtoie des gens aussi fréquentables que Lootpack, Mikah Nine, Tricky ou les Living Legends.
PS : merci à Governor Fabrice, l’une des trois personnes en France dont l’avis sur le rap compte à mes yeux, pour m’avoir orienté vers cet album.
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