C'est une histoire en deux actes, qui valut à M. Fusion de devenir un court instant le chouchou du public rap. Enfin, du public rap sur Internet, pour être plus exact, ce qui relativise. Un public exclusivement français, qui plus est, ce qui relativise davantage. Et encore, juste une partie de ce public.
Producteur californien, M. Fusion sort vers 2002 ou 2003 un album avec Die Young des Shapeshifters, Dead Air. Bien sûr, comme tout disque de l'entourage des Shapeshifters qui ne sort pas chez Mush, celui-ci passe totalement inaperçu. Sauf de l'impeccable West Coast Indies, webzine au contenu fort appréciable à côté duquel tout critique français qui se hasarde à parler de rap West Coast Underground n'est qu'un suiveur sans âme, votre serviteur le premier.
Quelques mois plus tard, en 2004, au moment où M. Fusion sort Expo '70 sous son seul nom, toujours épaulé par Die mais aussi par Existereo, Subtitle et Akuma, un magazine en ligne plus gros et plus notoire que le précédent, Hip Hop Core, prend le relais. D'autres gens découvrent alors M. Fusion, achètent son disque, l'adorent ou l'abhorrent, crient au génie, à l'arnaque, se taisent ou s'en moquent comme d'une guigne. Une histoire banale, en somme.
Mas au bout du compte, il vaut quoi ce M. Fusion ? Eh bien, il est sympa. Avec toutes les connotations, aussi louangeuses que péjoratives, que comprend l'adjectif "sympa".
La musique est démonstrative, avec ses boucles de guitare (je suis sûr que celle qui agrémente le très bon "I Love You" est célébrissime, aidez-moi), de synthés de science-fiction ou de film à suspense aussi bonnes et écoeurantes qu'un vieux bonbon Krema. Les beats parviennent même à nous rendre plus agréable l'épreuve que nous impose par moments le braillard Die Young, franchement pas le Shapeshifter le plus mémorable (il faut le subir, son gonflant "Feel The Fear").
Ces deux albums sont totalement comparables. Seules différences notables : une meilleure première moitié pour Dead Air, une meilleure seconde pour Expo '70, et une petite prime de légèreté pour le même. Sinon, même sens de l'accroche sur les titres les plus courts, mêmes longues plages lassantes, même musique aussi vite digérée qu'ingérée.
Deux albums, sympas donc. Deux disques à connaître. Deux plaisirs passagers qu'il ne faut ni exagérer, ni négliger.
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