Tous ceux qui y étaient se souviennent du 16 Décembre 2002. Dehors, c’était l’hiver. Mais dedans, c’était chaud. Très chaud. Pour leur premier concert en France, les Living Legends avaient fait chavirer le Batofar. Littéralement. Dans une salle bondée, les légendes californiennes avaient réconcilié hip hop heads et fans de nerd rap le temps d’un concert d’anthologie. Tous ceux qui ont assisté à ce premier concert parisien - ils étaient étonnamment nombreux, compte-tenu de la faible notoriété des Legends en France - se devaient de se rendre au deuxième, mardi 7 juin au Nouveau Casino.
Pourtant, cette date a peu mobilisé. Examens ? Préférence pour le concert avec KRS One deux jours après ? Autre ?
Difficile à dire.
Autre différence notable : le DJ set. A la place de DJ dEtEcT et de son cocktail de hip-hop underground californien, voici DJ Kozi, membre de la Zulu Nation et DJ de Kohndo (nous signale-t-on, je ne l’aurais pas trouvé tout seul) avec son mix on ne peut plus classic hip hop. La sélection est plus que potable. Rien à dire. Elle donne même envie de se replonger dans nos bons vieux De La ou Cypress Hill, voire de se remettre illico à Das EFX (dont je n’ai pourtant jamais été fan). Mais voilà, c’est long, très long, terriblement long.
Ce n’est donc qu’après deux heures et demie d’attente que les Living Legends sont annoncés. Ou tout du moins les trois quarts d’entre eux, car ce soir Murs et Asop ne seront pas de la partie. Le premier à entrer en scène est Bicasso. Il installe son chevalet dans un coin et, comme si de rien n'était, il se met à peindre deux jolis dessins. Il y reviendra régulièrement tranquillement, tout au long du concert, entre deux raps. Et à la fin, il tentera de les vendre. Malgré toute la sympathie que j’ai pour le bonhomme, j’espère très sincèrement que personne n’aura osé acheter cette croute...
Après deux ou trois messages de DJ Fab, le Monsieur Loyal des soirées Hip Hop Resistance ("préférons les disquaires qui proposent du Black Moon pressage vinyle d’origine à ceux qui vendent des disques avec des femmes à poil", en gros), le show commence. Une fois que Lex, leur DJ, a bien chauffé la salle, les cinq autres Legends font leur entrée. Et c’est reparti pour la tuerie de l'autre fois. Pour un putain de show rap, avec des doigts levés, des "put your hands up", des mecs qui sautent, des bouteilles d’eaux vidées sur le public, des -hum- "fuck Bush", et même un brin de chorégraphie.
Bref, tout l’attirail habituel du concert de hip-hop, mais en bien. Avec la flamme, l’envie, la gentillesse, les jeux avec l'audience. Agrémenté de détails maison (le chevalet, une batte de base-ball). Et surtout, de chansons, de raps qu’une fois entendus sur disque, on rêve de voir s'incarner sur scène.
Actualité oblige, ce ne sont pas les classiques du groupe qui défilent ce soir. Mais Classic, l’album, le dernier, ainsi que des extraits des disques les plus récents, un titre du dernier Sunspot Jonz par exemple, ou le "Crossroads" issu de l’excellent dernier Eligh. Seuls un extrait de Almost Famous et l’inusable "Chronic" font office de vieilles valeurs sûres ce soir. Le reste est moins mobilisateur. Mais peu importe, nous ne sommes pas venus écouter le best-of des Legends, nous sommes venus les voir sur scène. Et là rien à redire.
De la fièvre, de la fougue, du bonheur, rien que du bonheur. Jusqu’à l'ultime rappel, "Never Fallin", le titre le plus épique du dernier opus, interprété avec des poses de statues, avec un finale où chaque MC se retrouve adossé à un autre.
PS : au fait, cette fois, il a compris. En 2005, The Grouch n’a pas osé porter son maillot de l’OM en plein Paris.
Un concert de très bonne qualité!!!
des photos sont disponibles sur www.hip-hopclassic.com !!!