Forcément, avec les beats dérangés d’Adlib et de Subtitle et le phrasé de robot endormi du dernier, ça ne risquait pas d’être lumineux et de respirer la joie de vivre. Le titre, barbare, présageait d’ailleurs du contenu. Zwarte Achtegrond ("black background", si l’on traduit ce mauvais néerlandais en bon franglais) est bien noir sur fond noir, et pas seulement à cause de la couleur de peau de ses protagonistes.
L’album West Coast Underground le plus attendu de 2005 vise le futur et l’espace, mais en même temps il nous ramène en 98/99, quand un rap froid et sombre serti d’électronique était de saison aux marges du genre. Avec, et cela fait une grosse différence, un résultat plus accrocheur, plus accompli et moins lo-fi que la plupart des disques sortis par Subtitle.
Ce ne sont pas les résidus de leurs expériences de laboratoire que les deux de Lab Waste nous proposent, mais le meilleur, les pièces les plus accomplies. Avec même des bouts de tubes (à essais) dedans, par exemple "Dope Beat" et sa grosse nappe, ou bien le titre d’avant ("Get The Signal") avec sa ritournelle ("you can get the signal, the unformatted disk") aussi sibylline et casse-tête qu’une bonne partie des paroles déployées ici (cf. celles de "Internal Psi / Sci / Ence").
Le tout est un savant assemblage de voix trafiquées, d’interférences, de blips, de synthés et de rythmes en tous sens, des titres originaux jusqu’aux remixes conclusifs assurés par Sixtoo, Daedelus, Dntel et Adlib / Thavius Beck lui-même.
Alors parfois, bien sûr, tout cela est tellement froid que l’on a bien du mal à briser la glace et à adhérer pleinement. Malgré sa saleté et sa noirceur, ce laboratoire garde quelque chose de clinique. En sort une œuvre sous glace, difficile à approcher et à s’approprier. Mais avec elle, les fans de la face sombre du rap trouveront largement de quoi se repaitre.
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