Sur Hopeless, Gruf oscille entre commentaires politiques et confessions plus personnelles. Et cela n’a rien d’une surprise, c’est habituel chez Peanuts & Corn. Tantôt, il dénonce les risques que fait courir sur les libertés civiles la Guerre contre le Terrorisme ("Whatyoucallthis?"), ou il s'en prend à la dictature du chronomètre et du court terme ("Off Time"). Tantôt, il se livre à une autocritique sévère ("Firewood"), ou bien il souffre d’un coup de blues ("Hopeless Romantic").
Sur Hopeless, Gruf invite Pip Skid, Yy, John Smith et d’autres à exprimer leur philosophie commune ("Fillossaphee", "Microscope"). Les amis en profitent pour se livrer à un long posse cut ("Butcher’s Bill") ou pour étriper quelques wack MCs au passage ("You Need To Relax"). Ce n'est pas une surprise, tout cela est fréquent chez Peanuts & Corn.
Sur Hopeless, Gruf déploie son phrasé coulant, plus marquant que ceux de la plupart de ses compagnons de label, moins forcé que celui du compère Pip Skid. Sur Hopeless, pour le citer dans le texte, Gruf "prend sa musique au sérieux" et il refuse de compter les minutes" ("Off Time").
Sur Hopeless, la boucle qui tue est bel et bien là, et les scratches, signés Hunnicutt et DJ Brace, répondent présents. Bref, les fondamentaux sont respectés. Et cela n’a rien d’une surprise, puisqu’il s’agit d’un disque Peanuts & Corn.
Sur Hopeless, c’est mcenroe qui assure la totalité des productions, dans l’ensemble excellentes. Et cela n’a rien d’une surprise, puisqu’il s’agit d’un disque sorti chez Peanuts & Corn.
Une ou deux boucles tournent à vide, comme l’accordéon de "Butcher’s Bill" et le bondissant "You Need to Relax", mais à part ça, le Canadien déniche des beats à tomber par terre. A tomber par terre, vraiment. Aaah… entendre le petit tintement insistant de "Firewood" s’effacer devant cette nappe légère ; ou le crescendo subtil de "Whiplash" ; ou cette musique rétro associée à la belle voix de la sœur de Gruf sur "Hopeless Romantic ; ou cette guitare et cette complainte lointaine sur "Sheltered Child" ; ou le finale haletant de "Expand Horizon". Tout cela est très bon, ce qui n’a rien d’une surprise, puisqu’il s’agit bien d’un disque Peanuts & Corn.
Hopeless est un bon successeur à Druidry. C’est un disque homogène, solide et constant, du genre à s’attarder ad vitam aeternam sur les premières étagères de votre discothèque. Et ce n'est pas une surprise, puisque c'est du Peanuts & Corn.
La seule surprise que nous réserve ce disque n’est en fait que la moitié d’une. Et elle est bonne, elle est excellente. Cette demi-surprise, c’est que Hopeless est tout bonnement le meilleur album sorti par Peanuts & Corn depuis Disenfranchised. Et le meilleur album sorti en 2005 par le meilleur label hip-hop canadien du monde, en toute logique, vous devez comprendre tout de suite ce que cela peut donner…
PS : si vous voulez découvrir la maison et les recettes de cuisine de Gruf ou le voir faire la majorette sur fond de house music, c’est là aussi, en bonus.
Bonne chro (comme les autres...) mais je sais pas, y'a un petit truc qui me chagrine. Je trouve que les prods de mcenroe manquent de plus en plus de charme (toute proportion gardée...) depuis PLS, Fermented Reptile, le premier de gruf, et même "disenfranchised". Entre le premier de John Smith que j'adore et son second, c'est qd même pas aussi bon, idem pour pip skid, où là, même si "friends4ever" était un ton en dessous des autres sorties, son second album m'a carrément deçu (et je pense que la prod de mcenroe y était pour quelque chose...). Et là Gruf, ça me fait le même effet... Les prods sont je trouve moins léchées, j'ai dû mal à l'expliquer, y'a peut être trop d'instruments, bref je sais pas...
Peut-être que les nouveaux PLS et Fermented Reptile vont me faire changer d'avis. En tout cas, je l'espère!