Du rap hardcore politique traditionnel, mais avec des beats remarquables et une musicalité hors du commun. Voici comment résumer grosso modo la musique de la scène hip-hop qui s'agite depuis plusieurs années autour de Miami et du label Botanica del Jibaro. Avec son dernier album sorti sur le label allemand City Centre Offices, Cyne illustre on ne peut mieux cette généralité. Au premier abord, la tentation est grande de classer Evolution Fight dans la catégorie du "classic rap" sans grande imagination. Mais c'est un mauvais réflexe. Car Enoch et Speck, les deux producteurs du quatuor, ont concocté une poignée de boucles d'une rare densité. Mâtinés largement de vrais instruments, sans partir pour autant dans les divagations casse-gueule du live hip-hop, les beats soutiennent à eux seuls ou presque le disque.
Autant le dire tout de suite et ne pas survendre l'album : certains titres tournent à vide. Mais pour l'essentiel, les productions assurent, elles conditionnent même l'intérêt et la portée des paroles d'Akin et de Cise Star, les deux rappeurs. D'autres avant eux ont commenté les conflits latents de la société américaine, mais rarement avec un appui aussi convaincant que le piano et le rythme soutenu de ce "Soapbox" admirable en tout point. Sur "Automaton", les deux beatmakers montrent qu'ils maîtrisent aussi le hip-hop découpé en rondelles à la Prefuse 73. Le titre suivant, une réflexion sur l'éternité avec mélodie sinisante et handclaps, est un autre bijou. Même constat pour l'électronique retenu de "Fallen Stars". Et si malgré ces titres, il se trouve des gens pour reprocher à Cyne son manque d'audace, qu'ils jettent une oreille sur "Up Above" (bounce et phrasé soutenu sur jolis chœurs rétro) avant de se précipiter chez Audika.
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