Body of Song a été annoncé comme un retour au rock. Et en effet, il commence sur "Circle" avec le Bob Mould que l'on aime, celui auquel on était habitué. Le Dieu le Père du punk hardcore mélodique nous revient à grands coups de guitares, au meilleur de sa forme, épaulé par Brendan Canty de Fugazi à la batterie. Mais aussitôt après arrive, à grands renforts de vocoder, d'échos et de rythmique soutenue "(Shine Your) Light Love Hope", une séquelle du très électronique Modulator. C'est que les temps changent. Le livret du CD lui-même le suggère avec ces photos qui illustrent la rapide évolution de la musique enregistrée, du phonographe au baladeur MP3. Bob Mould n'a pas renoncé si facilement à ses envies iconoclastes de musique dansante. Même si "Light Love Hope" est le seul titre vraiment club de l'album, les sons synthétiques auront de temps en temps droit de cité sur Body of Song, à plus ou moins grosses doses, donnant parfois au disque un petit goût FM surprenant, mais pas si gênant.
Mais pour l'essentiel, c'est vrai, ce nouvel album de l'ex-Hüsker Dü et ex-Sugar est un retour à son registre habituel. Celui du songwriter désabusé livrant ses états d'âmes sur fond de guitares très fortes et très mélodiques. Et c'est encore ce style-là qui lui va le mieux. Il lui vaut de nouvelles réussites comme l'introductif "Circles" déjà mentionné, où le désormais quadragénaire s'attriste de la perte de ses amis, ou comme ce non moins bon "Beating Heart The Prize", à l'autre bout de l'album. Quelquefois, toutefois, Bob Mould baisse le volume. Et c'est dans ces moments que Body of Song atteint des sommets, sur la ballade "Gauze of Friendship", avec son violoncelle et son envolée de guitares, et plus encore avec ce magnifique appel à un amour fiable et pérenne qu'est "High Fidelity". Grâce à cela, et tant pis pour les velléités électroniques pas toujours abouties, ce nouveau Bob Mould est plutôt un bon cru.
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