Si mes souvenirs sont bons, la rédaction de POPnews s'était divisée sur le premier Tellier, le disque avait trouvé chez nous des supporters et des gens circonspects. Autant être clair tout de suite et préciser d'où je pars : sans ambages, je fais partie des fans, des partisans. Et Politics, ô joie, me comble. Tout est dit avec la bobine d'amérindien portraituré à la peinture de guerre et au dentifrice ultra brite qui orne la pochette : Tellier, c'est du bonheur. C'est du bonheur en toc, du bonheur qui sonne faux, mais du bonheur tout de même. C'est de l'extase, de la béatitude, de la félicité.

SEBASTIEN TELLIER - Politics

Plus encore que sur L'incroyable vérité, l'artiste excelle à rendre aimable ce qu'une longue éducation musicale nous avait patiemment appris à détester : la variété germanophone ("Mauer") ou latine ("League Chicanos"), le morceau pro-indiens aux airs d'hymne gay des années 80 ("Ketchup Vs. Genocide"), les chœurs de Broadway ("Bye-Bye"), l'ode béate à une Afrique de carte postale ("Wonderafrica"), l'électronique la plus outrageuse ("La Tuerie"), le tout parsemé de gloussements, de pâmoisons, de cris d'émerveillements, d'onomatopées de toutes sortes : "oh !", "ouh !", "waouh !"

Tellier réhabilite le cliché. Il l'admet, il l'assume, il l'emploie et il le magnifie. Avec lui, nous chantons béatement le plaisir de manger des bananes sous le soleil, de faire l'amour au clair de lune, nous entonnons des romances improbables (cette Est-Allemande qui regrette la disparition du Mur, son ancien partenaire de tennis...), nous donnons dans l'engagement politique à deux sous, et tout cela est très bien.

Il y a plusieurs manières d'appréhender et de juger ce Politics. Il y a ceux qui ont honte, ceux qui résistent, ceux qui trouvent ça louche. Et il y a ceux qui adorent. Ceux-là, franchement, je peux en témoigner, ce sont les plus heureux.

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