Le nouveau disque de Sankofa, The Rosetta Stone, se présente comme un album à part entière, avec un vrai label, un vrai CD, une vraie promo, des premières critiques en dehors du petit cercle hip-hop indé habituel et toutes les chances de rencontrer quelques échos au-delà d'Internet. Sankofa changerait presque de braquet. Pourtant, le rendu de cette nouvelle sortie est dans la continuité parfaite de Obese America, la compilation sur CD-R qu'il a sortie deux ans plus tôt.

SANKOFA - The Rosetta Stone

De sa voix grave caractéristique, Sankofa se livre aux exercices habituels : phases introspectives et réflexions sur le milieu musical, avec en prime des passages plus abscons et un peu de battle. Voici ce que l'on peut décrypter de cette Pierre de Rosette rap, l'anglais du rappeur, intelligible mais desnse et abondant, peut fatiguer aisément une oreille française.

The Rosetta Stone a un autre point commun avec l'album d'avant : avec presque autant de beatmakers que de plages (quatorze pour dix-sept), une grande diversité de beats. Cela ne se voit pas trop. Il n'y a pas de rupture de style scandaleuse sur l'album, pas de raccord mal fait, de couture apparente. Mais il y a des moments de faiblesse et des longueurs, au milieu notamment, entre deux bonnes séries de titres.

La première de ces séries est formée par "Angelina" (le titre le plus relevé), "Sunday Morning" (le plus délicieusement étrange) et ce "Vinegar Tongue" aux sons asiatiques. La seconde, moins flagrante, est annoncée par une autre bizarrerie ("Asphyxia"), par un rif et un refrain accrocheurs (sur "Deep Fried") comme Sankofa en a le secret, puis s'affirme avec l'entraînant "Rockfish", avec la lente guitare acoustique de "All Of Heaven's Angels" et dans une moindre mesure, avec un "RDB" où Sankofa rend hommage à son papa.

Qui sait compter voit que ces titres forment une bonne moitié de l'album. The Rosetta Stone donc, se montre fort appréciable. Comme tout ce que Sankofa a sorti jusqu'ici.

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