Funny Farm n'est pas le premier disque de Pip Skid. Pourtant le rappeur canadien, habitué à sévir en groupe (avec Farm Fresh ou Fermented Reptile), n'a jamais été aussi seul. Sur Friends 4 Ever, son seul autre album (le plus faible du catalogue Peanuts & Corn) l'accompagnait un contingent de emcees et de producteurs. Mais cette fois, un unique collaborateur est à ses côtés. En plus d'épauler son vieux compère au micro sur "Magnifique" (sur un sample archi grillé de Charles Aznavour, me dit-on), Mcenroe produit l'entièreté de ce nouvel album. Et c'est plutôt une bonne nouvelle.
Les beats de Funny Farm n'ont pas toujours les beaux atours et l'accessibilité de ceux de Disenfranchised. Mais comme toujours avec Mcenroe, ils sont solides et presque irréprochables, notamment ceux qui sont déployés sur "These Colors Don't Run", "Secrets", "WMD" et "My Two Dads".
De son côté, rebaptisé Pipi Skid et auto-proclamé rappeur prolétaire, l'ex-Pip Skid enrichit de sa voix gouailleuse le registre habituel à Peanuts & Corn, celui d'un rap classique tantôt personnel et biographique ("Funny Farm", "Jealousy", "Beer Monster", "Secrets", "8 Track Blues"), tantôt politique et social, avec les critiques attendues du grand voisin étasunien ("These Colors Don't Run", "WMD"), de la société de consommation ("Pip Skizzy"), de l'aliénation par le travail ("5:20 AM"), et pour égayer le tout des moments ludiques ("Germ Warfare", "Magnifique", "Super Dope Producers") à propos des joies de l'amitié et de la camaraderie.
Tout cela est donc sans grande surprise. Les sujets sont ressassés. Pipi Skid n'est pas le rappeur du siècle, ni même le meilleur de son label. Mais avec une science (rare dans le rap mais caractéristique chez Peanuts & Corn) de la constance, de l'équilibre et du bon agencement des plages et, last but not least, avec le son Mcenroe à l'appui, Funny Farm s'élève sans mal bien au-dessus du hip-hop "conscient" habituel.
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