Depuis All Word No Play, petit single culte des Non-Prophets sorti en 2000, Sage Francis s'est davantage illustré sous son propre nom que sous celui de son duo, que ce soit sur mixtapes (la série des Sick of....) ou sur son disque sorti chez Anticon. Le rappeur n'avait pourtant pas oublié son comparse Joe Beats. C'est avec ce dernier qu'il nous propose ce nouvel album qui, d'après les notes de pochettes (pochette d'ailleurs soignée et en relief : nous sommes chez Lex Records), est celui dont il ne cesse de rêver depuis qu'il s'est mis à rapper.
Lex Records / PIAS :: 2003 :: acheter ce disque
Aux allures de compilation de Personal Journals et à ses cohortes de beatmakers, Hope oppose une grande unité de son. Présent derrière chaque titre (hormis un "That ain't Right" produit par Sixtoo), Joe Beats ne s'adonne à aucune bizarrerie anticonienne. Lui préfère un hip-hop de facture académique, avec scratches sans surprise, boucles classiques, références multiples aux grands anciens et ce qu'il faut de samples de guitare pour attirer l'oreille des non rappeurs. Et cela marche, cela fait son œuvre, en dépit de nombreux passages indigents, voire carrément indigestes ("Mainstream 307" et "Xaul Zan's Heart" par exemple).
Cela marche, car il y a Sage Francis. Que c'est sur lui et non sur des beats en demi-teinte qu'il faut se concentrer. Et qu'il est bien sûr excellent, ce qui le distinguera toujours de gens, des Sole et des Alias par exemple, qu'il a trop fréquentés. Les prods peuvent être poussives, convenues, sans imagination, cela ne gâchera jamais rien tant que Sage saura les habiller, qu'il saura s'emballer, s'emporter ou s'adoucir au moment opportun, tant que son phrasé évitera les deux écueils du ton récitatif et de la débauche technique, tant qu'il sortira des "I'm not left wing, I'm not right wing, I'm the middle FINGER" et tant qu'il sera capable d'ajouter au "Life's not a bitch, she's a beautiful woman..." d'Aesop Rock (lui-même une réponse au "life is a bitch" rabâché par Nas et par d'autres) un excellent "Life is not a bitch, she's just sick of being personified".
Sage Francis est bon, dommage que Joe Beats le soit moins, qu'il tire cet album vers le bas et transforme ce qui devait être une grande oeuvre en disque simplement agréable. Dommage car quand les sons s'avèrent à la hauteur, comme vers la fin et sur la somptueuse douceur jazz qu'est "The Cure", les Non-Prophets démontrent qu'ils sont en mesure de pondre de petits bijoux.
Je l'ai réécouté cette semaine, ce que je n'avais pas fais depuis au moins 6 ans, quand je l'avais découvert. J'aime toujours. Sage est quand même un sacré rappeur ! Par contre contrairement à toi j'aime bien ce "Mainstream 307", ça me fait penser à un morceau de Masta Ace.
Sinon je sais pas si t'avais écouté son dernier solo, "Li(f)e", avec des artistes rocks pour la musique. C'est son moins bon disque à mes yeux, malgré de bonnes idées, je trouve que l'album commence très bien et puis bof.