C'est un peu une anomalie, une incongruité chronologique. Pensez-donc, en 2004, plus de dix après les débuts du groupe, l'un des membres principaux du Wu-Tang Clan n'avait toujours pas sorti son album solo. C'est seulement maintenant que débarque ce No Said Date, en un temps où le déclin du plus grand groupe de rap du monde ne fait plus débat du tout, où c'est chose admise par tous. Et pourtant...
Est-ce l'effet "premier album" qui joue à plein, est-ce parce que ce disque contient des titres vieux de plusieurs années ? Difficile à dire, mais ce Masta Killa est sans conteste la meilleure sortie estampillée Wu-Tang depuis belle lurette.
Certes, le temps où le Clan renouvelait le rap tous les trimestres est révolu, ce disque ne dévoile rien que de l'habituel : un ton grave mais pas sentencieux, des beats parfois austères mais adéquats, des extraits de films de kung-fu, du rap limite n'importe quoi quand ODB pointe son nez. Tout sonne comme au bon vieux temps. Masta Killa n'innove pas, ne prend pas de risque, il revient aux fondamentaux.
Mais il ne nous en fallait pas plus. Beaucoup de titres ressemblent à de vieux amis disparus tout juste rentrés à la maison, inchangés, frais comme au premier jour. Parmi eux un "No Said Date" au sample déjà entendu chez Outkast, un fougueux "Last Drink", un "DTD" de premier choix avec Raekwon et Ghostface, ou l'impeccable et orientalisant "Masta Killa". Les faux pas, eux, se limitent essentiellement aux sérénades de circonstance ("Love Spell", "Queen"). Et le tube électronique "Digi Warfare" fait un bon invité surprise.
Masta Killa n'a jamais été le membre le plus tonitruant du Wu-Tang, le plus original, le plus reconnaissable. Mais grâce à cet album, il est le seul que l'on écoute avec plaisir en 2004.
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