Vive la vie, ô bonheur, ô tristesse, est l'album espéré depuis les premières apparitions du Klub des Loosers. C'est la suite tant attendue à l'excellent single "Baise les gens". Fuzati n'a toujours pas son pareil pour repérer toutes les raisons, convaincantes, de désespérer de nos frères les hommes. Et la tâche est d'autant plus aisée qu'elles sont, en effet, infinies.
Moi :
Jusqu'ici, c'est bien, pas de doute. Mais penses-tu qu'il pourra tenir comme ça sur tout un disque, en ironisant éternellement sur la misère humaine ?
Un autre :
Je ne sais pas. Ceci dit, c'est assez inépuisable comme thème, la misère humaine, non ?
Ma question, franchement, était idiote. Quoi de plus illimité que la misère et les bassesses humaines ? Il n'y avait en effet aucune raison pour que Fuzati ne sache donner à "Baise les gens" et à "Poussières d'enfant" la suite qui s'imposait.
Vive la vie est, de fait, la réussite espérée depuis les apparitions du Klub sur la mixtape L'Antre de la folie et la compilation Projet chaos. Toutes les petitesses y passent, toutes les raisons, nombreuses et convaincantes, de désespérer de nos frères les hommes. Et elles sont infinies, effectivement : la vie n'est qu'une succession de leurres, les ambitions sont déçues, les enfants sont des pervers, le hip-hop est mort, les filles sont connes, les mecs minables, les Versaillais sont d'un conformisme mortel. Quant à l'amour, cela n'existe pas.
Fuzati le confirme sur tous les tons du loser, du dépit à l'aigreur, à la fois chien battu ("Un peu seul") et chien méchant ("De l'amour à la haine"), avec une débauche de bons mots telle qu'on ne peut en choisir un seul. Embarras du choix.
Le Klub des Loosers, ça saute aux yeux, c'est le rap français à l'envers. Mais pas seulement parce que Fuzati préfère l'auto-dérision aux vantardises, le cynisme au moralisme. C'est le rap français à l'envers parce que les paroles sont bien, parce que les beats, quoique bêtement fonctionnels, sont bien. Parce qu'il s'agit d'un vrai album avec un début (constat : la vie n'est que vanité), une fin (morale : je me suicide) et une histoire au milieu (un amoureux éconduit par Anne-Charlotte qu'on a tout à la fois envie de plaindre et de gifler).
C'est le rap français à l'envers parce qu'il est plus rap que lui.
Vive la vie est, en effet, un festival de hip-hop. Il y a des boucles, des beats, des scratches, des jeux de mot, des punchlines qui font vraiment mal. Et de l'ego-trip. De l'ego-trip spécial mais de l'ego-trip. Bref, il y a un mec qui tue sur un ton aussi juste que drôle, excessif et théâtral. Vive la vie, c'est tellement pas le rap français que pour la première fois ou presque, l'un des albums disques hip-hop de l'année pourrait provenir de chez nous. Fut-ce ce chez nous Versailles.
perso, j'ai été vachement déçu par ce disque. les textes sont très bons mais je n'adhère pas du tout aux instrus. les prods de orgasmic lui allaient beaucoup mieux que celles de James Deleck (dont on dirait la bande son de films érotiques italiens des années 80).
par contre l'album de remix est nettement mieux, avec un univers sonore qui fait un peu penser au Virgin Suicides de Sofia Copala et qui colle nettement mieux à l'univers de Fuzati