Le facteur sonne toujours deux fois. Celui-là, de Factor, en est même à la troisième. Après un premier album très pâle (Time Invested) malgré la contribution remarquée des Living Legends, et un deuxième passé à côté de nos oreilles (Con-Soul Confessions), ce producteur canadien nous revient avec un troisième essai qu'il a très sobrement intitulé Three (un album "mastered by Mcenroe", comme d'habitude).
Factor n'est pas, il n'a jamais été, il ne sera jamais un beatmaker de premier plan. D'autres au Canada et même dans sa bonne ville de Saskatoon (Saskatchewan) ont déjà pris la place. Three a d'ailleurs tout le profil du disque rap sans personnalité, avec idoles samplées en première plage, rappeurs rasoir de seconde zone, scratches là où tout le monde s'y attend, etc. Pourtant, il se montre supérieur à Time Invested.
Cette fois, les pires morceaux sont presque supportables, d'autres sont agréables, et les meilleurs sont carrément séduisants. Parmi ceux-ci figurent "St. 666" et son violoncelle, "Sweatshop Union", "Relashe" et un "Try" où Awol One, l'invité le plus prestigieux (le seul connu aussi, hormis Muneshine de Lightheaded et le voisin Epic), transfigure de sa voix enrouée les sons qui lui sont offerts, comme toujours.
De fait, ce troisième album pèche surtout sur la fin, où s'agrègent les passages les plus moches, "So Fly" par exemple, et son rappeur qui se la joue virtuose avec phrasé sur le mode double time et tout le tointoin sur une instru mollasse qui ne suit pas. Mais sur la première moitié, c'est une bonne pioche. Pour Factor, donc, la troisième fois était la bonne.
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