Il va falloir s'y faire. Cantonné à un rôle d'Internet MC (avec quelques interventions live en prime), Donkishot sortira tous les six mois un album enregistré et manufacturé avec les moyens du bord, continûment, ad vitam eternam, jusqu'à épuisement. Celui-ci est à peine chroniqué ici (en retard il est vrai) qu'un autre est disponible depuis plusieurs semaines déjà. Et qu'un troisième, sans doute, se prépare.
Sur ce quatrième album, ça devait arriver, DKS parle de sa dulcinée. Ou, plus largement des femmes, de l'amour, du sexe, et même de son enfant (avorté, et sans doute inventé). Pour l'occasion, il a paré son disque d'une charmante couleur rose et d'un dessin façon sous-vêtements en dentelle.
Ce n'est pourtant pas dans l'univers coquin du film érotique du dimanche soir que le rappeur nous entraîne. Bien au contraire. L'album est rempli de violentes charges misogynes ("2015", "Super pouf", "Si dure"), évidemment contredites ci ou là par des aveux de faiblesse et de lâcheté face au beau sexe. Contrairement à son prédécesseur espagnol, ce Don Quichotte-là sait bien que sa dulcinée est une putain.
Comme toujours, et à l'image cette fois de l'homme de la Manche, Donkishot est à la fois grand et pathétique, sublime et ridicule. Parfois, il s'adonne à d'horribles platitudes, comme sur "Proxénète", un morceau hors-sujet et rempli de poncifs contre le méchant Etat voleur (mais vous n'aurez pas, non vous n'aurez pas, sa liberté de penser...) ou comme sur "Laissez-les", message de tolérance destiné aux gays, une contrepartie un peu trop évidente aux outrances du début.
D'autres fois en revanche, ça fonctionne, comme la déclaration d'amour pornographique de "Soif de toi", comme "TV crevée" aussi, comme le blues électronique de "Le fond" et comme "Notre enfant", un titre forcé, mais qui fait son effet.
Dans un troisième cas, enfin, des paroles qui portent sont gâchées par des beats plus cheap que jamais, volontairement erratiques, mais qui ne soutiennent qu'à moitié les paroles ("Sans toi", une suite casse-bonbon au brutal "Sang toi").
Ainsi va Donkishot. Avec Dulcinée, il nous livre une nouvelle tranche de vie, il s'offre une nouvelle séance de thérapie, une énième. Pour lui, tout compte sur ce CD. Pour nous, quelques perles seulement, moins éclatantes que celles des albums précédents. Le temps de les trier, et ce rappeur qui n'en est pas vraiment un est déjà passé à autre chose.
Album indisponible
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